Projet du rouennais Romain Barjonnet, qui eut durant ses années de psycho un groupe dont les divergences le conduisirent à splitter, Dean Didn’t Care est le projet solo de ce dernier et Television, son premier EP. Comme tout ressortissant de Rouen, il fait bien les choses et recourt sur The last time à l’apport d’une chanteuse, tandis qu’un deuxième guitariste intervient sur Coming Back. Entre indé, cold-wave et post-punk, il tire son épingle du jeu et instaure sa touche, dans le but d’individualiser son répertoire. Jusqu’à sa pochette, touchante et « interpellante », l’ep attire et constitué de tout juste trois morceaux, parvient à maintenir une attention soutenue de la part de l’auditoire, qu’on lui souhaite fourni au fur et à mesure que Dean Didn’t Care progressera.
Le tout débute donc avec Coming back, on y sent le DIY bien ficelé. De suite, les sons et le rythme vif font leur effet. On ne saurait, d’ailleurs, qualifier le genre dominant: au mitan des tendances, Barjonnet aiguise ses mélodies, fait preuve de ferveur, emprunte ça et là dans ses orientations de prédilection. Il cite, dans ses influences, des formations comme Molchat Doma, Vox Low, Depeche Mode ou encore Joy Division. On les entend toutes, on n’en reconnait réellement aucune car Dean Didn’t Care en réalise ici un amalgame adroit et bien à lui.
The last time, aux soubresauts électro en son début, convulse et prend des airs presque psyché. Puis il s’emballe, cold, électro-pop, aérien bien que soutenu. Le chant de la Dame est d’un bel apport, sucré et susurré. Le songe est de mise, les boucles bien pensées. S’affairer dans sa chambre, esseulé, en ces temps où le repli était de mise, a visiblement eu du bon pour le Normand. Il assure comme un grand, comme les grands, devrais-je plutôt dire. Il étend ses climats, ça lui permet de la variété dans le résultat en dépit de la brièveté de son EP. Look at me now, de voix grave en guitare épicées, fait mouche à son tour. Electro-cold, virevoltant, inspiré, il tire Dean Didn’t Care vers le haut. Notre Romain a eu, de plus, l’idée de clipper ses trois plages. Le visuel arrive par conséquent en surplus du sonore, renforçant la teneur du projet.
Television est donc et incontestablement, vous l’aurez saisi, une réussite. Il m’évoque, pour évoquer d’autres travaux solo accomplis, les efforts de Teenage Sin Taste. On lui souhaite d’imposer, à la longue, une discographie aussi fournie. Ses premiers pas sont en tout cas prometteurs; ils n’incluent aucun raté, outrepassent sans peiner le niveau requis pour se tenir au dessus de la mêlée. Ca mérite d’être distingué et si Television n’est bien évidemment qu’une amorce de choix, celle-ci laisse augurer d’une suite qu’on suivra avec intérêt et curiosité.