Duo Franco-Portugais « orient-indus », avec une pincée de noise et d’électro dans le shaker des genres, Metawave voit collaborer David Monteiro Afonso (chant, textes en trois langues différentes) et Olivier Feuillet (instrus à base de batterie, synthés et guitares). Un EP live a déjà vu le jour en 2019, révélateur. C’est aujourd’hui l’heure d’un premier LP, que les deux complices nomment Means/End. Celui-ci est produit et mixé par Guillaume Léglise (membre de Vox Low, que je suradore), ce qui n’est déjà pas rien quand on prend connaissance des activités actuelles du bonhomme.
L’effort est hybride, il surprend, pourrait dérouter mais ne fait finalement que captiver l’amateur de recoins sombres ornés d’une pelletée de sonorités éloignées de chez nous. Ainsi Ablaze, premier des huit titres largués, suit-il une voie indus de prime abord, répétitive, qu’un chant murmuré accompagne. Alors que les sonorités de décor, déjà désorientantes, en assurent le pouvoir de déracinement. La voix s’affirme, se fait ample et presque mystique. On pense aux Swans, voire à Wovenhand, pour ces touches folk-indus tout à la fois noise et élégantes, pour le chant aussi.
Le trip a pris son envol, attractif. Cloudbuster suit, plus alerte, aussi orientalisant, grésillant et vocalement typé. Voilà un projet qui se démarque, qui laisse sa marque, et s’emploie à se différencier. Il y parvient, par le biais de compositions dont la valeur n’est que peu discutable. Du Vox Low, par moments, doté de penchants au voyage comme un Orange Blossom peut en faire montre. The Well, quasi « Tibétain » dans certains sons, s’emporte. Rude et mordant, il tranche dans le vif et assène ses saccades indus triturées. Un break de percus survient, il évoque, lui…Asian Dub Foundation. In my shell se présente ensuite, il prend le temps d’émerger et lâche un trip-hop serpentant. Avec, comme de coutume, ce chant qui nous emmène autre part et surligne un canevas vivace.
Dans son sillage, Dust city se pare de riffs crus, sur un fond céleste tourmenté. Le mix de Metawave est unique, ses contours font des détours et contraignent à les rejouer une fois leur terme atteint. L’univers sombre du duo est de taille, Heights And Abysses s’enfonce d’ailleurs dans cette grisaille racée à l’appartenance indéfinie. Il est lancinant, insidieux, et acide quand ses bruits se raidissent. Entre hypnotisme et passages plus en nerfs, Metawave fait son effet, indéniable. Le tout sort chez mörtelsounds, maison de disques de Cologne, où on n’a pas pour manie de faire dans le rangé. Heights And Abysses prend fin dans l’obsession, en réitérant ses sons bien bons.
The swarm, qu’un David Eugene Edwards aurait validé, dépayse et avance peinard: il donne l’impression d’être sûr de son impact, qui est d’ailleurs conséquent. Enfin A means to an end, en instrumental qui titille le mental, prend une tangente tribale/exotique du plus bel effet, donnant le coup de grâce. Means/End impose l’avènement d’un groupe à la recette exquise, faite d’éléments juxtaposés avec une adresse frappante. Ca me donne l’envie tenaillante, tout ça, de pousser le volume pour ensuite aller fouiller dans le catalogue de la structure mörtelsounds, riche d’oeuvres à la hauteur de ce disque considérable.