Ayé, enfin! Il et elle sont arrivés à immaturité! Du coup un album parait, histoire de fêter ça dignement. En toute immaturité, cela va de soi. Shay (prod/choeurs) et Nina (chant), deux bordelais(e)s plutôt à leur aise, jouent une queer-pop, sur L’album de l’Immaturité, qui tangue et coupe des têtes (Jean-Victor, excellentissime). Sur un paquet de thèmes valables (amour et indolence, transidentité etc…jusqu’à aboutir à entretenir l’illusion de joies potentielles dans un monde faisant grise mine) et sous le simple nom de PointPointVirgulePointvirguleCrochetParenthèse, ni plus ni moins, les deux acolytes dressent un panel simple, où leurs synthés volent et où le verbe peut mordre comme se distinguer. C’est selon…
Sol sec, s’il démarre sur un ton orchestral, mue sans tarder en un électro-pop nuptiale mais en mouvement. Désillusion, quotidien en chute libre constituent le propos, porté par des nappes bien trouvées. PhilmoBinder impose ensuite l’Anglais, il renvoie tout à la fois énergie et élans bien dansables, à la Risqué (défunt projet qui officiait, autrefois, au Son du Maquis). Qualifié de duo qui gueule la dépression, ..,;]) pratique une zik qui balaie cette dernière, en lui laissant une large place dans ses mots-maux. Chloé, tout aussi patraque, narre le mal avec légèreté. L’ornement se dépare de tout poids, la cadence s’emporte.
On écoute le tout avec plaisir, l’absence de toute démonstration grandiloquente nous le rend de plus accessible. Poly balance de la trame dark, file comme du synth-punk, tâtonne dans l’ombrage. Ses voix sont douces, ses boucles entêtantes. PointPointVirgulePointvirguleCrochetParenthèse ouvre les portes du club mais attention, celui-ci est réservé aux initiés. Aux gens ouverts, au contraire de ceux dotés d’oeillères. Arrive alors Jean-Victor la tête de b***, « adulé » par la paire « from Bordeaux », qui à l’écoute a du tremper son falzar au point de le jaunir. Un bel et offensif « hommage » que ce morceau marquant, avant Funérarium qui, lui, ondule et narre des faits tragiques de manière poétique. Shay et Nina disposent d’atouts certains, SugarMama les voit corder leur répertoire, le susurrer pour, après cela, nous livrer un électro tchatchée aux synthés à nouveau sobres mais remarqués.
Le boulot est bien fait, ça mérite d’être souligné avant le final, déjà, qu’est Froid Sonore. PointPointVirgulePointvirguleCrochetParenthèse (hommage à ceux qui ne ponctuent jamais) retombe en l’occurrence, privilégie l’atmosphérique sans perdre en (im)pertinence. Le tout dans le désenchantement, c’est une constante et ça lui réussit, et dans une qualité constante qui l’amène à un « debut album » à la déprime assez exaltante pour générer le mieux-être et son flot de bons moments musicaux.