À Trois sur la Plage, on fait de la synth-pop. À Trois sur la Plage, on édite un album, éponyme, bien vite attachant. À Trois sur la Plage n’est qu’à deux dans son projet (Liza Liza – synthétiseurs, boîtes à rythmes & voix; Sophie Massa – guitare, synthétiseurs & voix), mais collabore et s’entoure bien. Les deux filles, soucieuses d’instaurer une touche personnelle, de ne pas s’en tenir à une synth-pop déliée et polie, comme pourrait le laisser croire le déjà bon L’Éclipse qui ouvre le bal, démontrent qu’elles ont du chien et confirment les promesses d’un premier EP paru en 2018. On les penserait sages, vouées à ne pas se mouiller, prudentes. Que nenni! Nuage nuage décolle et volette, donne dans le synthé bonnard et amorce une ribambelle de morceaux variés, sans failles. Pedal Fury -cover de The Passions– adopte lui une dynamique vive, du chant en Anglais, et lourde du son à la B 52’s. Trop bon! Des guitares minimales arrivent, histoire de l’aciduler. Ca se boit comme du petit laid, c’est de plus entrainant au possible. Voilà deux donzelles auxquelles poussent des ailes, qui se permettent ensuite ce Behind entre penchants célestes et secousses amicales, teintées de claviers froids. Et de motifs, par instants, qui fleurent bon les 80’s.
La trouvaille est donc valable, Robe noire joue une cold-wave au ralenti pas moins plaisante. À Trois sur la Plage vaut par ses climats, par ses sons, par sa coloration. Interlude fait le pont, serein, jusqu’à Play. Un brin cold également, orné avec une simplicité qui flirte avec le meilleur, il ne décolle pas, ou pas de suite, mais demeure de valeur et s’emporte sur sa fin tout en restant avenant. À Trois sur la Plage n’en rajoute jamais, il a le mérite de faire silence quand il a tout dit. Bonjour tristesse, malgré son titre, est lui presque enjoué. On relève, ici et encore, la qualité du décor. Le soleil offre ensuite ses rayons, indolent, subtil et pensif. Reposant, et pourtant bien prenant. Je remercie d’ores et déjà Gone With the Weed, le label des deux belles, de m’avoir envoyé la rondelle. Dans sa couleur orange aux écrits noirs, celle-ci se termine aussi bien qu’elle a pu débuter. Détraqués (Ft. Ray Jane), dans un crachin cold-synth saccadé, aux chants pluriels, en atteste.
Il est alors temps de plier bagages, il nous reste tout de même un Up Your Head (Alexis Lumière Remix) « technoélectro » à s’envoyer. Il est vif, un tantinet souterrain, dansant, virevoltant. C’est d’ailleurs ce même Alexis qui, pour le coup, a assuré l’enregistrement de l’opus, alors que Maxime Smadja s’est collé la production et au mixage et Paul Rannaud au mastering. Une fine équipe réunie pour peaufiner un disque accompli, qui après celui de Nathan Roche complète efficacement le catalogue Gone With the Weed.