Arrête tout c’que tu cafouilles, ma couille! Johnny Mafia ressort l’artillerie indé, la casquette 90’s et les guitares qui dérapent grave. Un peu moins garage mais toujours en rage, son Sentimental qui ne l’est qu’assez peu, si ce n’est dans les merveilleuses mélodies dont il regorge, va à coup sûr endiabler notre été. Puissant, il délivre treize titres qui ne demandaient qu’à gicler de leur boite: Split Tongue, torpille rock à la batterie sauvage, prend la corde et bastonne comme un Pixies quand il lâche complètement les chevaux. Comme à l’ère d’un Doolittle, ou d’un Surferrosa. Le bruit, évidemment, porte ses fruits. I’m Sentimental et son refrain qu’on braillera comme des damnés surgit ensuite, euphorisant, doté d’un son qui inonde, parfait, rentre-dedans et pourtant distinct, toute la rondelle des gaillards de Sens. Aria en dégouline, fort de motifs de grattes à la Joey Santiago s’il avait créché à Sens. Et d’une dynamique, mon p’tit Patrick, qui file la trique. L’ouragan souffle, la tornade dégomme tout sur son passage. Et damned!, ces mélodies…on en boufferait!
Avec Phone number, d’une explosivité qu’on ne peut endiguer, on prend une quatrième mornifle sonique, massive et allégée par des breaks judicieux, des saccades, aussi, sans ménagement aucun. Fichtre! Diantre! Saperlipopette! Johnny Mafia use d’une énergie punk, taloche du ciment pop entre les briques de sa baraque, va directement tutoyer les meilleurs en giclant de partout, survitaminé. Trevor Philippe, dans la lignée d’un quintette d’ouverture bien meilleur que de la confiture à la mûre (et pourtant c’est bon), se pose en nouveau standard d’un registre dont l’évolution, évidente, permet aux quatre complices de franchir une marche, si ce n’est deux, vers le sommet du son indé ébouriffant. Et vas-y que j’te rejoue une salve de guitares imparable, histoire de faire bonne mesure. Sans trop de mesure, tout de même, car Johnny Mafia aime bien trop pulser pour se brider à outrance.
Alors Refused, un peu avant le mitan d’une partie déjà remportée, dégage une force, un impact mélodique, des plus porteurs. Spontané -il fut enregistré sur un temps bien moins conséquent que l’opus précédent-, Sentimental lâche ensuite un Love me love me qui n’a pas trop besoin d’insister pour que son injonction soit entendue. Il va falloir être prêt et déterminé, dans l’hexagone, pour faire face à ce Sentimental. Problem, s’il parait d’abord poser ses notes, mue très vite en un coup de boutoir jubilatoire. TV and Disney, encore plus appuyé, s’ajoute à l’impressionnant listing des grenades mélodiques à la Johnny. Johnny Mafia hein, pas l’autre. No more toes file vite, fait un peu son Franck Black dans le chant. Une cavalcade, une ruade, qui pousse l’intensité à son paroxysme.
Sentimental n’admet aucun temps mort, qualitativement comme dans l’impact laissé. Nail gun et ses jolis choeurs relâche à peine la bride, démontre aussi qu’au moment d’accorder nos votes à tel ou tel titre, c’est l’ensemble qu’on mettra en avant. Sans exception. Johnny Mafia fait fort, joue fort: il est assurément le plus fort. Il se permet, quand survient Ushuaïa, de fuzzer comme jamais. Son disque est un effort orné avec goût, sans fignolage superflu. Efficace, immédiatement tubesque. De A à Z, il cartonne et nous kicke à grands coups de guitares musclées, de cadence à dos de comète. Oh my knees peut, de manière à peine perceptible, baisser la garde: le fond reste tendu, percutant. Simplement, et pour ce final, les mélopées resplendissent plus que jamais.
On l’aura compris, Sentimental est une rafale. Du napalm pop-rock exalté, asséné sous la forme de chansons que de suite on se carre dans la caboche. Ca sort chez Howlin’ Banana, décidément incontournable dès lors qu’il s’agit de nous servir de l’indé juteux et authentique. On n’a donc pas fini, comme on le fera avec les opus de combos tels que We Hate You Please Die (nouveau disque le 18 juin, yeah!), Tapeworms, TH Da freak, eGgs, Cathedrale ou encore Special Friend et Double Date With Death, pour ne citer qu’eux, d’écouter Sentimental à fond les manettes tout en claironnant ses refrains à qui voudra les entendre.