Groupe Sud-Africain, BLK JKS s’était, après un excellent After Robots en 2009, chez Secretly Canadian, quelque peu « évaporé ». Une ouverture pour les Foo Fighters, à la demande de Dave Grohl, sera le déclic: le clan se reforme, enregistre. La guigne le poursuit toutefois, le studio étant cambriolé. Qu’à cela ne tienne, la clique remet l’opus en boite en seulement 3 jours. Celui-ci sort chez Glitterbeat, signe de différence notoire, et se nomme Abantu/Before Humans. Neuf titres bigarrés, à la fusion qui s’amorce par une trame tribal-folk aux airs gospel (Yela Oh !), en font le sel et lui confèrent une identité forte, de même qu’une musicalité large et bien dispensée. Le guitariste malien Vieux Farka Touré et leur complice des Beastie Boys, Money Mark (sur Maiga), y prennent part. Qualifié d’afro-punk, BLK JKS fait ici merveille et au terme de l’amorce, qui monte en puissance dans la magnificence, Running — Asibaleki / Sheroes Theme groove dans l’obscur, mariant guitares et cuivres chaleureux. Ceci sous couvert de chants « de là-bas », pour un résultat au dessus de tout soupçon. Un brin funky, parfois rude dans ses notes, d’ores et déjà enthousiasmant.
On sait faire, un break dub surligné par les six cordes survient. Voilà de la fusion, de classe et d’éclat, concoctée par un équipe savante. On est, de fait, exclus de notre socle habituel.
iQ(w)ira — Machine Learning Vol 1, dans une légèreté enfumée, psyché et ondulante, prend l’air et poursuit la réhabilitation d’une formation qu’il aurait été dommage de voir disparaitre. Une trompette bavarde s’incruste, pour parfaire le registre. Après cela le répertoire vire en un dub syncopé, sans perdre de sa marque (Mme Kelapile). Adulé par The Mars Volta ou encore TV On The Radio, BLK JKS justifie les honneurs qu’on lui accorde.
Avec Harare on fait, à nouveau, dans une subtilité saccadée. Le groupe envoûte par ses chants, se fait certes peu offensif mais renvoie un brio sonore qui ne peut que le créditer. Il ne saurait en être autrement, de toute façon, pour un projet estampillé Glitterbeat. La tchatche, pour le coup, se poste entre hip-hop et ragga. Puis s’envole, plutôt venteuse. BLK JKS enfante là une atmosphère qui, comme de coutume sur Abantu / Before Humans, force le respect et oblige à l’adhésion. Human Hearts renforce à son tour, doté d’atours finement bluesy en son départ, le panel développé. Chants de crooner, effluves déliées. Magie d’un son dépaysant, qui ici s’emballe et s’épaissit sur la fin du morceau. Alors que Yoyo ! — The Mandela Effect / Black Aurora Cusp Druids Ascending, riffeur et convulsif, amorce un virage plus mordant. Plus rock, plus féroce. Tout en portant, cela va de soi, la touche BLK JKS. C’est du solide, varié, rarement prévisible. On est alors à deux plages du terme, la différence est faite. BLK JKS gagne les lauriers, nullement usurpés, que lui vaut son retour.
Mieux, il valide quand arrive Maiga Mali Mansa Musaet, où Money Mark insuffle un surplus de groove. Un titre à la fois souple et massif, grinçant et velouté. On a d’ailleurs à peine le temps d’en tirer profit que Mmao Wa Tseba — Nare / Indaba My Children, le plus long des morceaux livrés, impose sa dynamique versatile. Subtil, encore, et énergique dans le même élan, fort de vocaux aux timbres divers, c’est l’ultime salve ensorcelante d’un come-back gagnant. On y retrouve, combinées avec maestria, l’ensemble des bribes de genres auxquelles BLK JKS recourt. On y passe, avec délectation, de temps embrumés et déroutants à des passages plus secoués, pour aboutir à un terme fait de dialogues cinématographiques…auxquels succède une partie cuivrée possédée autant qu’éthérée. On salue donc l’excellence du tout, abouti, pertinent et joliment exécuté, tout en se réjouissant du nouvel élan trouvé par un groupe à l’audace et à l’esprit louables.
Bandcamp Glitterbeat Records / Site Modulor Records / Page BLK JKS