Projet initié par Aramis Johnson, qui a d’abord tenté de percer dans le rap -sans grand succès-, avant d’avoir un véritable déclic suite à la découverte de King Krule en couverture de The Fader Magazine, puis de la BO du film The Perks of Being a Wallflower (Sonic Youth, Galaxie 500, etc.), Enumclaw sort avec ce JIMBO DEMO son premier EP. Johnson s’étant, après s’être épris des grosses guitares indé au fouillis noisy, efficacement entouré, on en vient donc à ces cinq titres qui, je vous préviens sans tarder, vont vous ravir si comme moi vous êtes un 90’s addict. Parce que ce JIMBO DEMO, entre essais à la Pavement, pop bruyante à la Yuck et mélodies salies, a bien plus que son mot à dire.
C’est même une carte de visite idéale, variée sans trop se découdre, que je rapprocherai du fabuleux « Watery, domestic » de Malkmus and Co. Si si. Et n’allez pas me contredire, d’une part ça me vexerait et puis t’façon j’ai déjà Cents, première giclée d’air frais dont le chant flemmard pourrait presque évoquer Jay Mascis, pour vous convertir. Premier jet, premier standard indé imparable. Tu la ramènes déjà moins et l’éclatant Cinderella, posé, scintillant, démontre que dans un registre moins direct, d’obédience plutôt pop-folk…bien indé évidemment, les quatre garçons n’ont rien à envier à quiconque.
Ils nous régalent en plus, au delà de ces atours tranquilles, de belles trainées noisy. Il y a du Sebadoh là-dedans, ça me rappelle qu’il me faut acheter le Sweep it into space de Dinosaur Jr. Pour l’heure, Enumclaw me replonge, en 2021 donc, dans mes meilleurs moments de jeune adulte épris de rock à guitares. Fast N All, lui aussi paresseux mais malgré tout soutenu, lo-fi, tire une troisième flèche qu’on ne peut esquiver. Un délice. On a déjà envie d’en entendre plus, mais l’ep nous réserve deux autres morceaux tout aussi probants. Le premier des deux, Free drop Billy, met en scène ces « grosses guitares » chères au « boss » d’Enumclaw. La basse, bien en chair, le ponctue à l’unisson avec une batterie qui assure l’essentiel. Ce titre est bourré de motifs prenants, de mélodies salopées avec soin. Une pépite, Edith.
Je sens, sur sa fin, les opposants flancher. Les gaillards de Tacoma dégainent alors une sucrerie dont ils ont le secret, intitulée Fruit flies, douce et rêveuse, décorée par des guitares superbissimes. En tout juste cinq chansons, avec allant et une merveilleuse indolence, aussi, Aramis: Guitar, Vocals; Nathan Cornell: Bass, Lead Guitar on Cinderella; Ladaniel Gipson: Drums et Eli Edwards, qui a rejoint le clan après l’enregistrement des compositions de l’ep, se tiennent prêts à aller chatouiller les hauts placés, forts d’un JIMBO DEMO enchanteur de bout en bout. Le tout sort de plus dans une belle cassette, on signalera pour finir que l’édition américaine voit le jour, elle, chez Youth Riot Rds avec, comble du bonheur auditif, un «secret bonus track» en cadeau.