En janvier dernier Denner « from Rennes lançait, avec un très fiable Dreamless Tribulations, une trilogie d’eps qui avec le bien nommé Semi monde, porteur comme son prédécesseur de quatre titres qui mordent les fesses des New Order et autres références cold-wave et « cold-pop », trouve une seconde traduction des plus affirmée. Et ce, à plus d’un titre. La valeur intrinsèque des chansons, pour débuter. Deuxièmement, l’instauration du Français sur Ultima Thulé, superbe pièce aux mélopées refroidies et, dans le même temps, pop et élevées dans le mot. Le premier morceau, Life And Limb, est inspiré par Clan of Xymox, dont il prétend réitérer la « dansabilité »…froide bien sûr…en y parvenant avec un putain de brio. Vivifiant, bardé de sons qui font jouir les sens, il rend toute résistance vaine. On est déjà acquis, en un titre, à la cause de Denner. Bonheur cold, éclat des airs poppy, rythme soutenu, entre autres, font reluire l’amorce.
On le pressent: Denner va, à nouveau, aligner les lingots. Avec A Stab of Loneliness, dont les textes proviennent de Haruki Murakami (« The Wind-Up Bird Chronicle« , 1997), le second de ces trésors, il laisse la basse se Curifier, les synthés poser leur « aérienneté », et se mue en standard immédiat. Imparable. Lui succède le Ultima Thulé cité en début d’article, dark, tubesque mais dans la sphère obscure, pas celle d’Hyppolite et Casimir. Je l’ai toujours (quoique…) dit, Virago et d’autres l’ont d’ailleurs confirmé sans courber l’échine: le « french », si son verbe est éloquent, colle à n’importe quelle mouvance. Avec Denner, en tout cas, il se pose et s’impose. Je le pensais revenu pour un seul titre, il revient aussi pour porter Tel Est Le Jour, quatrième et dernière régalade de l’ep. Un titre plus lent, moins direct. Et pourtant…étincelant.
Etincelant parce que Denner, quels que soient la direction prise et le langage emprunté, frappe juste. Sa trilogie, au bout de 2 eps sur 3 prévus, donc, est en capacité de rallier tout amateur de climats cold et racés à sa cause. Marc Corlett (bass, synth, drum machine, guitar), Yann Even (guitar), François Houplain (synth) et Gilles Le Guen (vocal), auteurs de cet objet à aligner sans sourciller aux côtés des efforts majeurs du même style, méritant en l’occurrence une salve nourrie de hourras et aiguisant l’impatience quant à la sortie du troisième volet de la trilogie prévue.