Auteur d’une indie-pop aux inflexions Smiths, Joy Division ou encore Motorama, Vertical répond, par le biais de son chanteur, compositeur et guitariste Joris Ooghe, aux questions de Muzzart…
1) Avant de recevoir un mail « promo » vous concernant, je ne connaissais rien de Vertical. Pouvez-vous me dire deux mots sur la création du groupe et son parcours jusqu’à maintenant ?
Nous étions tous les quatre plus ou moins à l’arrêt musicalement, on se connaissait un peu. On se croisait sur des concerts ou dans les locaux de répétition. Et en Janvier 2017, nous avons décidé de jouer ensemble, sans idée particulière. On est d’abord partis d’anciens morceaux du groupe de Rémi et Sacha (Batteur et Guitariste) puis on en a rapidement élaboré des nouveaux et le mois suivant, le 4 Février exactement, nous avons donné notre premier concert.
Plus de 170 lives aujourd’hui. Nous avons composé beaucoup de morceaux, beaucoup de titres que nous ne jouons plus mais qui nous ont menés petit à petit au son que nous avons aujourd’hui, à cette identité.
2) Vous venez de Saint Nazaire et tout comme pour vous, je me suis rendu compte que la ville regorgeait de structures et projets intéressants. Quel regard portez-vous sur ce vivier ? Qu’a-t-il pu vous apporter en tant que groupe ?
Nous sommes assez proches de quelques structures qui nous soutiennent. Nous sommes aussi individuellement passionnés par la musique et le spectacle, donc nous suivons certains projets locaux.
En tant que groupe, c’est surtout le nombre important de lieux de représentation qui nous a beaucoup apporté au début. Nous avons beaucoup joué sans faire des kilomètres, on a pu « roder » le show localement avant de s’exporter.
3) Un album, nommé Something For You, doit sortir le 7 mai prochain. Comment l’avez-vous conçu ? J’y entends, en nombre, des tendances délibérément anglaises, une coloration « cold-pop » aux mélodies exaltantes. Quelles seraient vos influences musicales, ou autres, et que tirez-vous de chacune d’entre elles ?
C’est un album qui regroupe des morceaux de début 2020, et de plus anciens comme I Wish qui est le premier titre que nous avons fait dans cette couleur.
Ensuite, il faut savoir que nous n’avons pas anticipé cet album, il est venu de lui-même. On est allé en studio pour enregistrer un Ep 5 titres, en condition Live.
Puis sur place, ça a super bien collé avec Benjamin du studio Cryogène. On s’est mis d’accord sur le fonctionnement. On voulait toujours finir un morceau avant de passer au suivant… et on en a fait 13… Donc un album !!
Il y a effectivement, beaucoup d’influences anglaises, The Cure, The Smiths, Joy Division, The Drums aux US… mais finalement avant de nous influencer, ces musiques nous ont d’abord rassemblées. Ensuite, on en garde les traces avec par exemple, les patterns de batterie, les plans de basse ultra binaire, la reverb aussi!!
4) Vous appuyez-vous sur ces sources pour élaborer un univers plus individuel ? De quoi serait faite, selon vous, la « patte » Vertical ?
La patte Vertical, c’est l’idée de faire ce qu’on sait faire. Aller vers ce qui est naturel pour nous. Un basse/batt bien droit et punchy, des guitares très souvent monodiques et une voix disons dynamique…
5) Qu’attendez-vous de ce Something For You et que pensez-vous du produit fini? Correspond t-il à vos attentes en dépit de la période actuelle, qui complexifie le travail des groupes ? Je le trouve étonnement mature, tout à la fois enflammé et velouté, mélodique et impétueux. J’irai même jusqu’à dire qu’après écoute, on y trouve le même attrait que chez les Anglais…ou, encore, chez un Motorama avec ses mélodies fines et froides…
Déjà, Merci !
Avec la période actuelle, c’est difficile de dire ce qu’on attend de cet album. Notre envie première était d’avoir un objet à partager avec le plus grand nombre, notamment en fin de concert. Maintenant, avec la presque disparition du spectacle vivant, on attend simplement qu’il soit bien reçu et que les gens y perçoivent ce qu’on y a ms : un peu de nous quoi…
6) J’entends aussi, sur Something For You, une voix qui renvoie beaucoup de choses, en phase avec l’instrumentation. Quel lien faites-vous entre les 2 ? Que permet-il, ce chant, de faire passer avant toute chose ?
Le chant à une place très importante, c’est là qu’on place beaucoup de nuances. C’est lui qui parfois amène dans une atmosphère en « décalage », comme dans Vice par exemple, qui inclut une tournure de guitare qui pourrait faire danser. La voix, c’est l’ambivalence.
7) Cet intitulé, Something For You, implique-t-il l’idée de créditer l’auditoire d’une sorte de présent, d’une carte de visite destinée à la fois à découvrir vos terres musicales et alléger le poids d’un quotidien anxiogène ?
Bien sûr, le titre de l’album doit être vu au premier degré. Mais c’est également le titre d’un morceau, la phrase complète est en fait « I would like to do something for you », C’est la voix de quelqu’un qui se sent impuissant mais qui voudrait bien faire.
8) Qu’écoutez-vous actuellement ? Vous arrive-t-il de tomber sur des albums qui vous font « flasher », qui produisent sur vous un effet durable et une sensation de nouveauté ? Keith Richards disait récemment, assez stupidement selon moi, que le rock actuel était « au rabais » et « banal »…
Bien sûr qu’on flash sur des albums, Keith Richard entend toujours ??
Je parle pour moi (Joris) mais récemment, j’ai trouvé l’album de Billie Eilish Ouf. Celui de Fontaines DC, A Hero’s Death, complètement dingue… En 2017, L’album Cabadzi X Blier, qui reprenait des répliques du cinéma de Blier, racontait des histoires hyper actuelles et presque encore plus aujourd’hui en 2021 « Parce que votre sourire faudra bien qu’il revienne un jour » . Bon, comme vous le voyez on n’écoute pas que du rock…
9) On sent je trouve, en visionnant vos clips, un ancrage régional assez marqué, notamment de par le cadre où l’action se déroule. Vous confirmez ?
Oui, c’est tout simplement notre quotidien. Vous savez, les groupes « en voie de développement » comme nous, on entend souvent les « pros » nous dire qu’il faut se créer une image, un look, une attitude, un machin…
Mais ça, ça manque de sincérité et ça ne nous intéresse pas. Alors pour les clips, comme pour le visuel de l’album ou nos photos… c’est nous, les choses qu’on aime, les gens qu’on aime et les lieux qu’on fréquente.
Photos: Samia Hamlaoui.