Groupe de Saint Nazaire, formé en 2017, Vertical avoue, en tant qu’influences (digérées), The Smiths et Joy Division. Des sources britanniques donc, auxquelles j’adjoindrai Motorama pour les mélodies urgentes qui parsèment Something for you, le premier album des ressortissants de la Loire Atlantique. Un opus taillé dans une cold-pop subtile et enflammée, d’emblée illustrée, splendidement, par Wish et ses notes alertes. Un son en noir et blanc élégant, à l’instar de la pochette du disque, ancré dans le passé mais résolument actuel. Un chant ressemblant à Morrissey s’il s’était déparé de ses élans quelque peu précieux (je précise que c’est tout sauf une critique à l’égard du Moz). Une voix typée. A côté, une rythmique qui tourne rond. Des guitares ciselées, en d’autres temps plus remontées. Et pour couronner le tout, une « treizaine » de chansons impeccables, qu’un saccadé et finaud Let it go confirme dans leurs belle dégaine.
« Let it go let it gooo, let it go », se surprend t-on à chantonner alors que les six cordes carillonnent. Du nectar Nazairien, et c’est pas rien, qu’on se tape la bouche au goulot, « direct ». Vice, mélancolique, faisant couler son jus cold fervent autant que subtil. Vertical fait partie de ces groupes qu’on connait peu ou prou, c’est bien dommage, mais dont la découverte laisse de bien belles traces. Il a tout de même, à son actif, pas moins de 170 concerts qui lui ont assurément permis de roder ce registre concluant.
Le titre éponyme, pulsé par une basse vive, fait son Marr dans les guitares. The Smiths oui, Joy Division tout autant, pour ces poussées de fièvre cold. Mais Vertical, quoiqu’il en soit, dans le rendu final. Une finesse à l’énergie revigorante, The corner et son allant poppy ombrageux. Ce clan a tout pour plaire, même sa provenance le distingue. Il ne vient pas de ces villes référence, telle Nantes, Rennes ou encore Rouen, qui regorgent de formatons méritantes. Tout concourt donc à le démarquer; Intro, bizarrement placé au mitan de Something for you, sensible et climatique, présente une facette plus posée, presque dream-pop voire shoegaze au ralenti. Il ouvre la voie à Dear friend, qui renoue avec la séduction d’une clique basée à Rostov sur le Don. Vertical aligne les titres à l’indiscutable qualité, il faudra en tenir compte quand viendra l’heure des distinctions.
Photo Samia Hamlaoui.
The mirror, convulsif et enflammé dans le chant, ajoute d’ailleurs à son impact. « I look in the miiirror », fredonne t-on derechef. Ca marche à tous les coups, An eye on Mars et son avancée tranquille, sa parure sobre et splendide, m’évoque Gene. Je me trompe peut-être, mes souvenirs de ce groupe des 90’s sont désormais floutés. Toujours est-il que c’est magnifique, ce chambard racé dont Vertical tient la barre. Stay, comme un ordre et avec vigueur, incitant l’auditoire à prolonger son investigation. L’injonction sera suivie, la fin d’album ne dénotant aucunement. Miss it all, mordant, lui amenant tranchant instrumental et pulsations d’une basse ronde. On vibre, oh ma soeur…(pardon). Something for you est un présent, une pépite signée d’un groupe qui démarre fort et se contraint de ce fait, pour la suite de ses pérégrinations, à égaler au minimum ce premier tir précis.
Avant ça, The future nous aura drapés dans sa vivante et vibrante douceur, avant que Birthday ne vienne clore de manière posée et flamboyante, en renvoyant du sentiment, un opus dynamiquement raffiné. S’il faut se faire tourner le ciboulot à coups de lives pour enfanter un tel produit, alors recommencez messieurs! Ce sera de plus le bon moment bientôt, on l’espère en tout cas vivement, pour valoriser ce Something for you à l’indie pop parfaite sur les scènes de France et pourquoi pas d’ailleurs.