Groupe auto-défini comme pratiquant l’ « Alabama Ghost Music« , The Pine Hill Haints instaure sur The Song Companion of a Lonestar Cowboy, son nouvel album, un trip relevé et coloré, énergique, musicalement large, en terres Appalaches et américaines. Entre folklore, touches country, blues et élans rockabilly, on profite de quinze titres aux saveurs d’antan, actuels pourtant, qui s’habillent d’une instrumentation où violon, accordéon ou encore harmonica étayent les efforts avec magnificence. Et un certain, entrain, qui ne fait que rendre ce disque plus attachant encore. Jamie Barrier, au chant, fait merveille. D’entrée de jeu Fall Apart, essai garage-folk rythmé et rugueux, attire l’oreille et renvoie de l’énergie, une dextérité musicale sans surplus, qui forcent le respect. Dopé au live, le groupe joue dans cet esprit, lâche la bride, lance un Back to Alabama rutilant, aussi compact et cadencé que l’ouverture de l’opus. Le début est bluffant, Pretty thing enchaine sur un ton plus saccadé et suivant la même vérité dans le jeu. La trouvaille est excellente, j’en remercie au passage Single Lock Records et Modulor pour la « transmission » de ce son enivrant. Satchel Paidge blues allie blues de l’époque et nervosité rythmique, harmonica bavard et lisière country. Tout ça est construit à la perfection, on ne peut se défaire de ces chansons implacables dont la Musique, la vraie, ressort grandie.
The Pine Hill Haints se permet, avec John Henry, une reprise traditionnelle. A sa sauce bien sûr, dans un entrelac instrumental que le chant éraillé magnifie. C’est à l’authenticité que le combo carbure, Lone Star Kid le prouve en servant un folk-rock-blues sautillant, décoré avec soin. Il y a du cajun, enlevé, dans ce titre. Le spectre est donc étendu, maîtrisé, sans temps morts et sans faute de goût. Drop and fall, au début s’annonçant rock’n’roll, lâche finalement des consonances country écorchées, fines aussi, du plus bel acabit. Dans ses pas Midnight mayor, bluesy-rockab, puis Catfish Blues et son galop de batterie, endiablé dans sa subtilité, font sensation.
Avec Fighting for the Wrong, d’une vigueur comparable, on pénètre, ou plutôt on retourne, en eaux folkloriques enflammées. Le tout est roots, passionné, définitivement brillant. Stare at the Fire pose le jeu, maintient néanmoins un intérêt optimal. C’est l’interlude en quelque sorte, magnifique et pas si tempéré qu’il n’y parait, d’une quinzaine absolument merveilleuse. Louise suit, dans une forme de rockabilly countrysé ténu, pas moins concluant. Tout comme Downtown Blues, cuivré, accompagné par un certain J.D. Wilkes à l’harmonica. De nouvelles pépites, rétroïdes mais d’aujourd’hui, de nature à parfaire la fin des festivités. Que Wade in the Water, un tantinet jazzy, fait reluire à son tour. Barrier s’y distingue vocalement, comme de coutume. Lancinant et ombragé/saccadé, le morceau volette, étincèle, met de la rudesse -mesurée- dans ses notes.
On n’aura pas décroché un seul instant, à l’heure où Tithy Dunbar sonne le terme de l’aventure, de The Song Companion Of A Lonestar Cowboy difficilement perfectible. L’ultime chanson donc, apaisée, finit le travail sans fléchir. Généreux et productif, The Pine Hill Haints donne à ses lives incessants une digne suite discographique, émaillée de compositions jamais défectueuses. En orfèvres d’une « Alabama Ghost Music » qu’ils transcendent, les Américains laissent dans leur sillage un témoignage formidable, à écouter d’une traite, qui galvanise et énergise.
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