Damned! Ces glaming boys from hell étaient du Var, se nommaient Bad Losers et p+++++, la clique rassemblerait plutôt, à l’écoute de ce disque sorti en 1986 et génialement réédité par Twisted Soul records (qui gère aussi les bien wild…Wild Child, chroniqués dans ce zine), une clique de winners tant leur rock, juteux et vital, glam et de flamme, inonde le paysage. Enregistré à Abbey Road, produit par Dave Goodman qui a mixé les Sex Pistols, l’opus est de plus agrémenté de quatre inédits, de bonus et de lives. De quoi souffler sur les braises, encore rougeoyantes, de ce combo indésirable à Toulon, sa ville d’origine, monté à Paris pour y jouer et se donner un essor qui le placera, je n’hésite pas à le prétendre, au niveau de ses sources connues. A savoir New York Dolls, Bolan ou encore Dogs d’Amour, pour faire court.
Toutes proportions mises à part bien sûr, Bad Losers ne pouvant se targuer d’une discographie aussi conséquente. Mais quel brio! Quinze titres, et quasiment autant de tubes du genre, gouailleurs, débridés, qui débutent donc par les huit plages du disque initial. Losers (on main street), rock’n’roll fonceur et frondeur, dopé aux « Houuu! » et aux guitares excitées. Un brulot up tempo, significatif de ce que le quintette était capable de trousser. Losers??? Ma cache, comme dirait l’autre. Illusion of love se fait lui aimer, direct. Il gicle, riffe avec ardeur, trace sa route sans se retourner, et zèbre le bitume. La découverte, c’en est une pour moi et quelque part tant mieux, la surprise n’en est que meilleure, est de haute volée.
Kenny Silver et consorts, en effet, tiennent la dragée haute aux leaders de leur créneau. L’album, de plus, ne se fige pas dans son glam. Not anymore, de ses touches presque « folky » en amorce, puis bluesy, se fait mélodieux mais dans l’énergie. Evil sacrifices, à sa suite, est savamment orné. Musical à souhait, fougueux, il ne peut que redorer le blason des Bad Losers. Roy fait de même, appuyé, purement rock, irréprochable. Mazette, comment ai-je pu passer à côté? Bad Losers enfile les perles, joue avec conviction, intensité, et fait un carton. Losers, j’y crois toujours pas. Bad, pas plus. J’hallucine, Capucine! J’y crois à peine, Etienne!
Qu’importe, One of the boys balance des « hou-hou » enivrants. La fête se poursuit, truffée de chansons mémorables. C’est plus que glam, c’est en tous les cas sans défaut aucun. Ca pulse, ça transpire, ça joue bien sans se la péter. Pas le genre. Le refrain se réitère, entêtant. A chaque morceau, on a envie de le rejouer (le morceau). Et puis y’a cette pochette, simple, rock, de rouge, de noir et de blanc, qui ne trompe pas sur la marchandise. Tout comme Ann Arbor, plutôt direct, qu’on se surprend à brailler tellement son flux nous bouscule. Du glam de la meilleure vigne, fiévreux, imparable. Prostitution, du même tonneau, termine l’album d’origine dans une trame brailleuse dotée de riffs funky furieux. Un régal, total. Que, forcément, je vous recommande à toute heure et avec insistance.
On attaque alors les « Unreleased »: Southern style déboule, cuivré, enragé, rapide. Bordel, encore un standard! Que dira t-on, alors, de Girl in uniform? Une finesse pop-rock griffue, sertie avec subtilité. La tension retombe, la qualité reste inchangée. Century Jane, à grand renfort de riffs mastoc, fait péter un rock impétueux. Des cuivres, efficaces. Des voix aigues, bienvenues, associées à l’organe dominant. Nickel. Puis Take a fall, mélodiquement rugissant. Douze balles, douze tirs qui font mouche. Loser? J’y crois encore moins. Bad? Je n’y ai jamais cru. Allez, tais-toi donc le scribe, il reste trois titres pour prolonger la félicité.
Un live de One of the boys, d’abord, introduit par Nasty Suicide, joué au Gibus. Un Honky tonk women avec Stiv Bators, ni plus ni moins, torché au New Moon. Des documents. I’m waiting for the man, vigoureux, finaud, en clin d’oeil abouti. Je n’ai pas fini, ce digipack, de l’enfourner dans mon lecteur. Il me comble, il démontre aussi qu’en France et quelle que soit l’époque, nombreux furent, et nombreux restent, les groupes susceptibles d’aller faire la nique aux icones. Bad Losers, avec ce recueil et ce retour gagnants, ne peut pas d’ailleurs mieux illustrer mon constat.