Montpellierain, Denuit fait dans l’électro-goth et consiste en une paire masculin-féminin. Visiblement crédible dans sa mouvance, il a d’ores et déjà récolté quelques honneurs (sélection régionale des Inouïs du Printemps de Bourges, concert dans les SMAC Victoire 2 et Paloma, lauréats du dispositif 34 Tours…) et passe la seconde, après un premier EP, avec ce Black Sun aux compositions darkement attrayantes. Un brin cold, gothique donc, électro et chanté par la Dame du duo d’un ton grave, il s’amorce par un Negative wave nuptial, grésillant, légèrement céleste, aussi, dans ses sons de décor. Issu de Toulouse, Denuit parvient à créer une accroche, darkwave, obscure et sonique, qui perdurera jusqu’à la fin de ses efforts. La basse cold de Darkest forest, obsédante, se mêle à des élans légers pour asseoir le morceau.
Si son registre est ouvertement synthétique, il est aussi assez persuasif pour qu’on n’en décroche pas. Les volutes de machines, bien ficelées, y contribuent. Il y a là un alliage d’éléments décisifs qui tient la route, Blood tears l’illustre en suivant une voie plus tranquille. Le projet émane des sphères underground et DIY, dont il a semble t-il tiré l’essentiel. Crooked tree, en renouant avec une trame vive dont s’échappent des passages spatiaux, entérine la bonne impression laissée.
C’est sur la durée, toutefois, que les preuves s’établissent définitivement. Sur ce point, Blind rassure en jetant ce même velours gothique bien orné, rugueux et, tout autant, patiné. Black Sun s’enchaine dans la cohérence, ne faiblit pas, ne se fige pas non plus, désireux de conserver un éventail musical ouvert. Broken doll montre de l’allant, des abords cold-wave que le chant surligne. Il a des airs de Mona Soyoc, de Siouxsie, qui le valorisent. Sa féminité en gris-noir s’acoquine parfaitement avec l’univers sonore du groupe, que le titre éponyme valide une fois de plus. On n’est jamais, de plus, dans la surenchère. Le contenu est ajusté, on lui met fin quand tout est dit. Denuit marque des points, justifie l’estime qui lui est portée. En voie de professionnalisation, il peut s’appuyer sur son Soleil Noir pour convaincre les accompagnants, récolter des dates et s’affirmer jusqu’à trouver son rang. Au son d’un Night vampire, on se trémoussera dans le noir lorsque ses lives se tiendront….enfin. Poudré de boucles avantageuses, d’un climat derechef prenant, il précède une fin d’album solide, renvoie des temps à la KaS Product.
C’est de toute évidence un (très) bon point, Between Shadows poursuit d’ailleurs avec assurance. Sons froids, gimmicks marquants, chant « Denuit » font reluire l’identité dark des deux comparses. On n’en est peut-être pas, encore, à chatouiller les pointures. Le temps dira si Denuit a pour ça les aptitudes requises. Mais on signe, sans conteste, un album de qualité. Celui-ci trouve son terme sur Mirror, au gré d’une veine goth qui ne se limite pas à ce simple courant. Bien doté, Denuit peut envisager l’avenir avec un certain optimisme, pour peu qu’il parvienne à perdurer et à inscrire son répertoire, et ses évidentes possibilités, dans la durée.