Un come-back des Svinkels depuis belle lurette, en prélude à un album prévu pour la rentrée, ça se prend! Même quand ça s’appelle Dossiers perdus vol.1 et que ça se taille dans des titres n’ayant pas été retenus pour figurer sur les opus du groupe. Parce que chez Svinkels, même les « fonds » » ont bon fond, quand bien même ils sont…Bons pour l’asile, à l’image de ce premier titre bien psychiatrique, électro hip-hop groovy et délirant à souhait. Pas tant que ça en fait car derrière la dérision, se tapit un sujet sensible. Et, surtout, une entrée en matière solide, façon Svinkels s’entend, de nature à accroitre le plaisir des retrouvailles. Et puis Bons pour l’asile, c’était déjà le titre d’un de leurs disques, daté mais estimé. Reconnaissable, le combo quitte l’HP et enchaine avec Mass lysteria. C’est la malbouffe, cette fois, qui a les « honneurs » du clan. Presque du folk-rap pour le coup, troussé à grands coups de rimes à la con que forcément, on garde en tête. Diantre! J’y entends presque, pour ce côté folk et ces accents « des champs », Arrested Development.
Une fois de plus le Svink, s’il parait déconner, soulève des faits doués de sens. « L’époque brille comme de l’or mais c’est du toc », entre autres sentences maison, retient l’attention. Dans la même temps, la formule rap ouverte à tous les vents musicaux est toujours aussi efficiente. On ne fait pas dans la fiente: ce joli bazar aurait largement tenu son rang, sans s’y casser les dents, sur un album du crou. La guerre du feu, aux airs volontairement primaires, allège le poids de l’attente. Dix ans, en effet, que Baste et consorts s’adonnaient à autre chose, étendard Svinkels provisoirement en berne. Le tissu flotte à nouveau ravivé par ce Pxxxxn de hippie (tu m’étonnes) fouteur de gueule jusqu’à la fin de ses mots. Hhmm, mention bien, voire mieux…mais ça manque de rock, de férocité. De guitares, de riffs basiques et percutants. Gouttable finit bien, ses gimmicks font mouche. Rien ne cloche: on retrouve le quatuor fidèle à lui-même, à savoir adroit dans ses écarts, blagueur et tchatcheur, lucide quant aux travers de son monde.
Dossiers perdus vol. 1, par conséquent, mérite qu’a grands coups d’écoutes volumisées, on lui règle son Pxxxxn de compte. En attendant septembre et l’album, attendu par tout un pan de la planère sonore, qu’on espère remonté et exubérant. Ca s’annonce plutôt bien évidemment, au vu de l’ep en présence. Mais de Svinkels, on est en droit d’espérer un rendu plus mordant, plus bruyant, dont le projet a le secret et qui lui a permis, jusqu’alors, des sorties immanquablement concluantes. Dans cette optique on a cinq Dossiers Perdus, qu’il aurait été stupide de laisser se perdre, destinés à tromper l’expectative et à remettre sur le devant de la scène un groupe dont on peut nier l’importance et la propension à ratisser large pour créer, au final, un registre entièrement Svinkelsien.