Bordelais, Castro Camera multiplie les sorties de qualité, depuis 2010, dans une veine où coulent de front post-rock, indé écorché et touches folk. Pour résumer car le spectre de l’Aquitain est ouvert, pur sans oublier de se souiller avec à propos. Si son cinq titres le plus récent a vu le jour le 14 avril dernier, l’objet s’avérant porteur de plages prenantes et immersives, c’est toutefois du précédent, There is no more heaven in your kingdom, que j’ai l’intention de vous parler. Dépositaire de trois morceaux aux titres à rallonge, deux de ceux-ci incluant un chant qui amène un plus, il prend vie au son du titre éponyme, There’s no more heaven in your kingdom donc, à la folk magnifiée par le violoncelle d’ Amélie Legrand alors que Grégory Vouillat, à la tête du projet et par conséquent tête pensante du tout, gère de son côté guitares, chants et batterie. L’ouverture se déroule selon une finesse que les tambours font s’agiter, dans un léger ombrage et une mélancolie vocale touchante. Court mais impactant, c’est là une entrée en matière éloquente, produite qui plus est par Peter Deimel au studio Black Box.
Vouillat est par ailleurs affairé dans diverses formations (Thomas Skrobek, The Jack Rabbit Slim Surf contest, FUZZ CANDY, Narvalo ou encore Milos Asian qui mixe la plage décrite plus haut). Il sait faire, l’écoute le démontre, et pose une patte toute personnelle sur ses créations, à l’aide d’intervenants fiables. The fire of God fell from heaven and burned up the sheep and the servants voit ainsi Simon Renault (batterie) et Xavier Duprat (rhodes, synthétiseurs) border une composition à nouveau belle, accomplie, musicalement brillante et dotée de légers excès sonores qui lui filent du caractère. Le registre est attrayant, orné avec gout et dans un bel ensemble.
On en vient, bien vite, au troisième et dernier titre livré. At least, you found the dark, conclusion pure et chantée, j’insiste, avec un relief émotionnel qui le crédite. On se situe dans le rock à la Chokebore, pour le coup, que dans les terres post-rock. Et tant mieux; le post c’est bien, à doses élevées ça lasse. Ici, Castro Camera laisse le champ libre, pose des voix significatives, s’acidule, gronde avec joliesse. Ses guitares font merveille, gentiment noisy. Il est sobre, a le bon goût de stopper son élan quand tout est dit. Benjamin Mandeau, sur ces deuxième et troisième plages, a assuré l’enregistrement tandis que le sieur Vouillat himself les a mixés et mastérisés. On n’est pas loin du DIY; ça ne fait qu’assurer, de manière plus forte encore, le mérite lié à l’ep en présence.
J’en profite pour glisser un petit mot final sur Beyond the sun, ep datant de 2017, que le « boss » de Castro Camera a eu la gentillesse de me poster avec celui sorti mi-avril. Il est lui aussi magnifique, pétri de ressenti, aussi finaud qu’intelligemment tumultueux…et très chanté! On le constate donc, sans conteste possible: la dextérité de Castro Camera se décline depuis un temps étendu déjà, et trouve son apogée sur des supports de choix, dont ce There is no more heaven in your kingdom marque une étape probante. Petit bonus en guise de cerise sur le gâteau: une vidéo issue du dix titres The path (mars 2020), également recommandable. Et parce que les chroniques avec clip, c’est toujours plus complet: