Attends voir, Charles Edouard dans ta tour d’ivoire, La Jungle is back dans les bacs! Enfin bientôt mais l’album je l’ai, la vache qu’il est beau avec ses deux vaches en pochette! Beau et bon, bon au delà du possible mais ça, on d’vait pas êt’ beaucoup à en douter. Oh, les gars m’ont mis des autocollants avec: je les ai claqués direct sur mon étagère à cd, ça fait bien quand y’a des gonzesses qui viennent…quand bien même y’en a pas beaucoup qui franchissent ma porte. Sale époque…mais revenons à l’objet du bonheur, ce Fall off the apex cosmique et transperçant, dont le glaive sonique pourfend la sphère musicale et viendra bientôt consacrer les deux acolytes de Mons en Belgique. J’étais même pas au jus; sur Insta le groupe m’avait avisé, il fallait que je surveille ma boite à lettres. Du coup j’ai chopé la fièvre, l’attente fut fébrile et voilà que la (ma) température monte encore d’un cran quand Aluminum River s’élève dans les cieux, planant mais tendu en fond, pour finalement laisser libre cours à la mornifle brute qu’est Le jour du cobra.
La paire remet en place, pour creuser notre joie, ses élans kraut-noise souffletés aux sons spatiaux. S’y mêlent, cinglés, des chants aux mots répétés, à l’incantation possédée, et des riffs qui te trouent la carcasse à 15 bornes de distance. Des riffs et plans de guitare foudroyants, couplés aux syncopes de la batterie, étayent le titre. Alors que dessus s’abattent des sonorités engendrant un trip fou, bruyant, groovant, définitif. Entre voyage dans les nuages et coups de semonce dignes de l’attaque du Bayern quand celui-ci aura surmonté sa mauvaise passe.
Mazette, déjà le carton! Total. Une vague incoercible, six minutes de jubilation technoise tâchées Du sang du singe. Là, c’est le tir groupé frontal, à peine tempéré: drumming athlétique, grattes féroces et évidemment, breaks de sons rafalisés, tombés d’une autre planète, jouent du coude dans une Jungle touffue lézardée par des brèches cosmiques. Les vocaux, à nouveau réitérés, précèdent un torrent guitaristique et génèrent la dépendance. La Jungle est psychotrope, psychiatrique, à part, précieux et si le fait n’est pas nouveau, il va sans dire qu’à chaque tir on se retrouve terrassé. Fall off the apex est un grand cru, nourri, certainement, par une longue période où logiquement la frustration a pris place. Surtout pour ces deux hommes de terrain, bien plus qu’à leur aise sur le bois des scènes. Alors consolez-vous les loulous, on a là une salve de haute volée pour satisfaire notre appétit. Le tribal Hyperitual survient, tout aussi appuyé. Dans leur posture entre ciel et terre, les deux pieds bien campés au sol, les menottes en symbiose avec leurs instruments respectifs, Jim et Roxie usent d’un arsenal minimal au service d’un rendu maximal.
Marimba, céleste, en explore les penchants planants. Il trouve d’autant plus de sens qu’autour de lui c’est la frénésie, à peine jugulée et pourtant tant maîtrisée. Psycho-tribal, il agit sur le mental et fait l’effet d’un puissant éther. Hypnotique et imparable, il est suivi de ce Feu l’homme qui, pour sa part, prend l’eau de toutes parts. C’est La Jungle au summum de son art, on se demande comment le kit de batterie a pu ne pas valdinguer. Comment, aussi, on peut résister à un tel abordage. Une beigne de trois minutes, direct in your face, dynamisante et définitive, où apparait, oh oui oui oui, Simone AUBERT (Hyperculte, Massicot, pas des rangés non plus ceux-là!) au chant. Pas étonnant que ce soit dément!
Après ça, on a une avalanche de drums en guise d’interlude, nommée Interloud et porteuse d’un arrière-plan venteux. Un peu façon Young Gods, tiens. Mais c’est court, un peu trop même. J’aurais bien aimé que le bazar se développe jusqu’à nous piétiner la psyché. Ce n’est rien, il fait son effet et diantre!, l’heure de la fin a sonné! Il est l’heure de redescendre. Alors The end the score, ultime giclée à l’amorce prolongée et obsessionnelle, se charge d’accompagner la chute.
Dans une trame insidieuse, que traversent des embardées viciées, la montée s’annonce. On en accueille l’étoffe, astrale, avec bonheur. Oh bordel, l’insistance des ambiances produit un effet mastoc! Et voilà, patatras! Après cinq minutes, c’est le bouquet final. On monte d’un léger cran, des voix givrées s’incrustent. On rend les armes, le final s’étend sur dix minutes et plus au bout desquelles l’auditeur est comme hypnotisé.
Je parlais de descente; c’est plutôt, en l’occurrence, une montée dont on ne peut réellement retomber. Magistral, Fall off the apex propulse La Jungle au faîte de la hiérarchie indé. Il sort sur trois structures de haute volée, prenons-en bonne note, et instaure une série d’hallucinations fiévreuses et puissantes, incurables et de toute façon bénéfiques à tout acquéreur de ce digipack étourdissant.
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