Tanière vient de l’Oise et se base désormais à Lyon, c’est un duo indie pop où officient Rémi Poncelet (un ex-Gderws, superbe clan post-rock un brin cold de nos contrées picardes) et Sophie Fondeur. Cet EP est son second, il porte quatre titres mixés par Matteo Caburet (Boréal, Degage) et masterisés par Matthieu Berthet. Quatre promesses signées Tanière donc, où l’on a envie de se nicher et qui répondent à un spectre pop large, amorcé par l’exaltant et joliet Witches. Voix pure, étayage vif, motifs bien choisis font de ce début une réussite incontestable. Avec une pincée d’ombrage, projetée sur le tout, qui lui donne du cachet. De la pop alerte, venteuse aussi, dans ses décors, qui s’arrête quand tout est dit car sobre elle est. Et se fait cold, sur ses premières notes, quand arrive Mr C.
Tanière joue sur les climats, comme le faisait Gderws justement, avec adresse. On sent une harmonie, une forme de symbiose, chez le duo. Faussement léger, celui-ci fait preuve d’intensité, de vérité dans ce qu’il renvoie. On l’aimerait parfois plus brusque, plus écorché, à la lisière d’une pop noisy. Mais ses compositions, dont ce Aravis qui comme pour exaucer mon souhait hausse le ton, excellentissime, sont toutes d’un niveau qui crédite la paire néo-Rhodanienne.
J’en profite pour signaler l’existence de Bénèze, première sortie aux cinq plages bien évidement recommandables. Tanière flirte, dangereusement, avec la tenue qui émane des entités reconnues. Ici, il finit en nous servant un dénudé Medina qui, dans le chant et la douceur rêveuse qu’il laisse percer, évoque Mazzy Star. L’issue est aérienne, sensible, et permet à Tanière de clore un éventail sonore étendu, sans que cela ne vienne entacher son EP. Si on ajoute à ça un Reflection, pépite inaugurale du Bénèze cité plus haut, on un Youth century touchant, ou encore ce Orchidées épuré, le constat devient évident: l’union de ces deux là grandit, prend de l’envergure. Elle gagne en fiabilité, affine son registre, lui donne corps et identité.
J’allais en oublier, du coup, l’étoffe électro-pop de Years to worry, merveilleux. Ou, pour en finir avec le répertoire créé, Up the hill et ses pulsions trip-hop obscurcies que l’instrumentation, toutefois, vient illuminer. Dans ces contrastes, doucereux ou plus enlevés, Tanière a trouvé sa place. Qu’il poursuive sur cette voie, s’enhardisse même, à l’occasion, jusqu’à mettre de l’orage dans son paysage musical. Ce dernier, déjà plus qu’agréable à l’écoute, franchirait à mon sens, ce faisant, un palier supplémentaire. Dans cette optique, nous avons déjà deux sorties d’une qualité constante à ingurgiter, en espérant de tout coeur que bien vite, Tanière nous en gratifie sur les planches du pays.