Après un EP sorti en mai 2020, le Bust A Gut de Sarah Lenormand, bassiste des noise et performants Pamplemousse, poursuit sa route et continue à combiner, pour notre joie, machines, basses et voix sur un panel bourdonnant, émaillé de morceaux aboutis. Away, qui passe au format album, en offre huit et d’emblée Done, porté par une voix qui n’est pas sans rappeler les prêtresses indé comme PJ Harvey ou Shannon Wright, au gré d’un déroulé lancinant, distingue l’opus. Il allie sérénité et encarts acides, dans un faux délié qui lui sied parfaitement. Puis Burn, où la basse fait bouger les bassins, pose à son tour ses notes aussi cold qu’éclairées, lumineuses. L’ambiance, de par son spleen et ses sonorités, n’est pas sans évoquer The Cure. Mais relevons-le bien, Bust A Gut est une entité toute personnelle, due à une seule et même artiste qui ici, est épaulée au mix et au mastering par le guitariste du clan fruité cité plus haut.
Elle en assure l’enregistrement, le DIY est de mise et c’est très bien comme ça. Aucune erreur n’entachera l’effort, rugueux et « softy », équilibré. On y est même surpris quand arrive une reprise des Fun Lovin’ Criminals, Coney Island Girl. Ca sonne comme un groupe post-punk des late 70’s, ça bruisse et ça grésille de manière ondulante. C’est dansant mais aussi offensif, en une minute dix sept tu as de quoi avaler ta sucette et c’est pas fini: Flow évoque à nouveau la vague cold -notons l’usage de la basse, décisif- et se pare de vocaux sensibles.
Pour étayer ça, on a droit comme de coutume à quelques boursouflures pas piquées des vers. Sick, clippé ci-dessus et hérissé, cadencé aussi, massif, se rapproche de l’indus. Il alterne vivacité et temps plus lourd, avec succès. Away est une autoprod’ probante de plus, il est bon de les recenser car elles sont nombreuses. Ne les ignorons donc pas, elles sont primordiales. 1460, lui aussi entre opaque et clarté, dans ses demi-teintes attrayantes et bien ficelées, nous incite à remettre une pièce dans le juke-box. Il produit un beau tapage, s’intercale dans le rayon des chansons qui créditent Bust A Gut. La Dame certifie, en l’occurrence, les dispositions liées à son aventure solo.
Avec Big D, elle lorgne vers une forme d’électro-cold, psyché et vaporeuse, pas loin du trip-hop. On étend le champ d’action, ça ne fait au final que renforcer la valeur d’Away. Le titre, de plus, s’emballe et vrombit à souhait. Du tout bon Zébulon, concocté en toute autonomie. On s’en contente aisément, on ne trouve d’ailleurs rien à redire. L’écoute est parlante, elle en appelle un paquet d’autres. Il est malgré tout l’heure de boucler l’opus, et son terme nous laissera également un souvenir durable.
Il se nomme Zone, file vite, riffe sans ménagement, chante de façon ardente. Du rock bruyant, urgent, où l’instrument à quatre cordes fait à nouveau sensation. Là où certains terminent (trop) tranquillou, Bust A Gut lance une dernière bûche rougeoyante. Son Away est sans travers, il marie -pour le meilleur- patine et âpreté. Il fait mouche à chaque titre et la série s’avale d’un trait, sans que vienne l’envie d’en écarter la moindre seconde. Recommandé, bien évidemment, dans l’attente de la suite mais aussi du prochain effort de Pamplemousse qu’on espère aussi noise et tendu que le précédent.