Fondé en 2014, High on Wheels fait dans le desert-rock large, en power-trio déjà armé de sorties éloquentes (« Astronauts follow me down« , notamment, en 2018). Ayant déblayé le terrain pour des groupes comme Geezer mais aussi Glowsun, 7 weeks, Hangman’s Chair, Nick Oliveri ou encore Nashville Pussy, Beaumont Grégoire (Drums and vocals), Guera Bruno (Guitar and vocals) et Tantot Gilles (Bass and vocals) nous gratifient d’un Fuzzmovies où bourrades heavy et planeries célestes, stoner et éruptions sonores s’imbriquent judicieusement, entrecoupés de voix cinématographiques d’un bon apport. C’est au son de Blind Your Mind, au début « fanfare » un brin trompeur, que débute le bal et autant le dire de suite, ça blaste comme il faut…et comme on aime!
Tempo lourd, encarts spatiaux, trame aussi pesante que psychédélique pour ensuite s’agiter et se faire convulsive: le bazar est maîtrisé, le choix d’y inclure ces voix d’ailleurs l’étoffe avantageusement. Lorsque les vocaux « réels » apparaissent, ils se répondent et là aussi, le contrepoint est intéressant. La pochette de l’opus, par ailleurs, rappelle un bon vieux Sabbath. Sur plus de huit minutes, High on Wheels dérape, groove et envoie, et démontre sa dextérité. Destiny Is On My Way, plus directement stoner, fait honneur au genre. Ses guitares sont ardentes, sa rythmique lancée à toute vapeur.
Bien engagé, Fuzzmovies tient, pour l’heure, les promesses nées des efforts antérieurs. Ses envolées guitaristiques mettent le feu, sans faire dans la démonstration. Les chants renvoient force et conviction. Si on allait au restaurent italien ce soir?, propose Hitman Le Cobra. On est plutôt propulsé, pour le coup, dans un…Fuzz movie. Fuzz donc, son gras, organes vocaux « from the cinema », bien amenés, et versatilité dans les cadences. Nul besoin de plus. High on Wheels erre entre les genres, crée son propre discours, et au final se distingue. Son desert-stoner gorgé de fuzz, aux passages « movies » jamais envahissants, est globalement probant. Last page, efficace, se montre leste et fin dans le même élan. On est pris dans un tourbillon, sonique et enflammé, psyché et heavy, équilibré. La nuance à sa place, elle est même nécessaire à ce que l’ensemble trouve son souffle et séduise durablement. Thrill Under My Wheels, de bons gros riffs en batterie galopante, file et offre des breaks groovy.
Fuzzmovies mérite, on n’en doute plus, une écoute impliquée. C’est même une obligation tant les trois hommes, dans le refus de camper sur leurs positions, nous emmènent sans cesse ailleurs. Sur les sept minutes passées de ce titre, c’est bien entendu le cas. Ca pourrait dérouter, il est évidemment préférable d’être rompu à ce type de joute. la série B filmique, influence déclarée, vient alimenter un album de série A. We Don’t Know Where To Go But We Know How To Go, sur la fin, pèse et éructe. Ses chants aux tonalités différentes se complètent, se basse le ponctue en le rendant, presque, dansant. Ca vocifère, l’énergie est distillée avec une certaine adresse. High on Wheels joue bien, s’affirme ici clairement. Enregistré par Flo Mallet (Station Mir) au Studio de la Vimondière, mixé et masterisé par Yann Chevrel (Birdpen/Archive), Fuzzmovies mériterait de remplir les salles.
In my head, dans le flux de huit minutes d’humeur une fois de plus variable, enfonce le clou et se fend d’un final magnifique, affiné. High on Wheels ne déjante pas, il trace sa route et tient bon la barre malgré de fréquents changements de braquet. Proche d’égaler ses sources (Kyuss, Fu Manchu, All Them Witches, Truckfighters), il a de plus la bonne idée de livrer une version toute personnelle de sa mouvance musicale, servie par huit chansons solides.
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