Nantais, Mad Foxes a joué avec MNNQNS, Toybloid, Clavicule ou We Hate You Please Die. Ashamed est son deuxième album; Christophe Hogommat (Dust Lovers, Wizard Must Die) en a assuré l’enregistrement et le mixage. On y trouve, et c’est ça qu’est bon, une sorte de post-punk qui transpire, que le titre éponyme véhicule de manière insidieuse pour ensuite griffer et lancer des éclairs noise. Le tout sur une bordure un brin grungy, que ce soit dans le chant comme dans le son. Deux minutes trente de son acéré, annonciateurs d’une déferlante qu’on sera bien heureux d’accueillir. Gender eraser, entre allant certain et motifs joliets mais au gré d’une trame colérique, lui refile tout à la fois joliesse et énergie Idlesienne. Mad Foxes est aussi finaud qu’alerte, frontal que nuancé quand l’idée lui vient. Ses chants se répondent, mordants. On se retrouve catapulté dans des sphères bien plaisantes, marquées par le savoir-faire des formations déjà reconnues. Crystal glass, grungisant et mélodieux, vient pulser pour notre plus grand bonheur. Il vire en orage, fait rage, groove de A à Z. Le refrain est à reprendre, simple et obsédant. Des traces noisy fusent, façon Sonic Youth.
Suit alors Sights, au début dark. C’est une « brique céleste », psyché, au terme hérissé. Chez Mad Foxes, les climats se complètent jusqu’à former un tout solide et indissociable. On trépigne mais Patience, la suite arrive. Batterie souple, approche atmosphérique qui ne demande qu’à s’enrager. Effectivement, le vocal perd le bocal, les guitares se font tempête. Puis on retombe, adroitement, dans des penchants subtils. Propeller enchaine, urgent. L’opus se diversifie, mais reste cohérent. Ne soyez pas Ashamed, messieurs les Nantais: votre disque est bon et ce, sans discontinuer. Charlie lui donne des airs pop ombragés, sert à son tour de belles notes. « Idles n’a qu’à bien se tenir », écrivait Rolling Stone. Je plussoie, après deux rondelles Mad Foxes a déjà chopé du galon. Charlie s’emballe, après le calme arrive bien entendu l’incartade bouillonnante. On aborde des thèmes intéressants, on pare ses mots d’écrins passés au crin. The cheapest friend riffe crument, ramassé et, en sa fin, en pleine crue avant que les accords ne viennent border le morceau. Rien ne cloche, Home m’évoque à la fois Black Angels et The God Machine en version allégée. Ca signifie évidemment, tout ça, qu’Ashamed est bonnard à souhait.
Photo Yohan Gérard
Fear of love, destiné à valider mon constat, place une trame vive et gueulante. Nichée dans des tons légers, la force de Mad Foxes s’exprime pleinement. Dear mother’s eyes, pour finir, présente la facette folk du trio. Il tranche, certes, avec le reste. Mais sa qualité, son élégance et son ressenti font pencher la balance du bon côté. L’équilibre est atteint, Mad Foxes se dote d’un second jet bien gaulé. Lequel nous évite par sa qualité, c’est fréquent et je suis loin de le déplorer, d’aller systématiquement fouiner hors-frontières en quête de satisfaction sonore.