Surf-rockers de Copenhague, hébergés chez l’excellent label Crunchy Frog, les Tremolo Beer Gut régalent discographiquement depuis 1999 et leur The Inebriated Sounds of...qui déjà enflammait l’assemblée. Plus de vingt ans après, les Danois n’ont rien perdu de leur superbe. You can’t handle…, nouvel opus valorisé par de nombreux guests et sûrement pas des moindres (jugez donc: Sune Rose Wagner and The Courettes, Chris Barfield, Jon Spencer, Cristina Martinez and The Mikkeller Choir, Svetlana ‘Zombierella’ Nagaeve, Evan D. Foster, Chistopher Dominique ou encore Flavia Couri sont de la partie), apporte son lot de plans aiguisés, surfy évidemment, ombrageux (The Tremolo Death Wray (ft. The Courettes)), soulignés par une classe instrumentale tout bonnement bluffante. Rad barrels inaugure le tout en faisant suinter, sans plus attendre, le brio guitaristique du clan. Du velours, de la soie « maison », de nature à amorcer l’ensemble sur un ton posé mais, tout de même, rythmé. Barfield ajuste ensuite, de sa guitare racée, Barfield’s gambit. Sur de fougue, surf d’élégance, The Tremolo Beer Gut dompte la vague avec le savoir-faire qu’on lui connait.
Hot! Hot! Heatwave! (ft. Sune Rose Wagner and The Courettes), vif, aux exclamations chantées façon Cramps, fait mouche lui aussi. La batterie s’emballe, on grimpe en intensité. Le jeu est enflammé, flamboyant. The minx, en suivant une voie plus saccadée, puis galopante, pourrait illustrer un western où l’action est de mise. Chants épars, une fois de plus, et « pa-pa-pa-pa » joyeux animent le titre. On est déjà gagné par l’impact, par le cachet de ces plages remarquables. Date at The Slow Club (ft. Jarno Varsted and Patrik Bartosch), velouté, lancinant, offre de bien belles montées en restant subtil. Un harmonica le décore, puis un Jive Jimmie Juma (ft. Evan D. Foster) Crampsien se présente. Nappage d’orgue, brillance rude d’une instrumentation en tous points aboutie font le boulot. Jengo: Guitar; The Great Nalna: Guitar; Per Sunding: Bass et Yebo: Drums, aidés d’une floppée d’invités doués, réalisent là un énième coup de maître(s). The Tremolo Death Wray (ft. The Courettes), torpille lourde et massive, en est un. On note qu’à l’intérieur de sa mouvance, The Tremolo Beer Gut se refuse à l’immobilisme. On a les oreilles ouvertes, l’esprit large aussi.
Ainsi Memento Morricone (ft. Christopher Dominique), lancinant dans son amorce, opte t-il pour un cheminement encore différent, presque immuable toutefois. La variété apporté n’entame nullement le résultat; au contraire, elle en sert l’intérêt. Planet Urf! (ft. Mikkel Borg Bjergsø) revient à de l’appuyé plein d’allure, beau comme il peut s’acérer. L’éventuel détracteur, s’il en existe, aura bien peu d’arguments à opposer à You can’t handle…; celui-ci se situe au delà de tout soupçon. Inferno (I Just Called To Say) y marie temps enlevés et fond classieux. Dans sa foulée, Hey Hello (ft. Jon Spencer, Cristina Martinez and The Mikkeller Choir) brule d’un feu ardent: Spencer y place, de concert avec sa compagne, son chant reconnaissable. Ils se répondent. Le décor est magnifique, il y a des airs de « zik de cirque » de toute beauté dans le titre en question. Gnossienne No. 1 (I Can’t Get No) est vivace, il renvoie à son tour une splendeur instrumentale qui force le respect. Codename Tremstar (ft. Svetlana ‘Zombierella’ Nagaeve) est plus lunaire mais bien vite, il trépide pour revenir à ces tons spatiaux. Bien vu, et très bien joué.
L’album est de plus généreux, avec seize titres au compteur. The Reno Bundle honore les penchants « instru » du quartette, A Minha Menina (ft. Flavia Couri) louche lui vers le rock’n’roll et fuzze joliment. Le panel, comme dit plus haut, est bien déployé. Dans ses airs rock, la composition place des élans bien mis. C’est enfin Caipirinha River Cruise, sur deux minutes où j’ai parfois l’impression d’entendre les Pixies « surfy » de Bossanova, qui conclut, sifflements à l’appui, un opus de qualité supérieure. Une habitude tant chez Crunchy Frog que chez ces quatre bonshommes talentueux à l’extrême, ouverts à l’autre et dépositaires d’un répertoire irréprochable.