Rennais donc bien enraciné et ce depuis belle lurette, 13th Hole s’est illustré, jusqu’à son Magic number d’avril 2014, par son rock noisy et mélodique, vicié, proche de celui des références du genre en termes d’impact. Je la croyais disparue, la clique nous revient avec Mantra. D’une part la surprise est bonne, d’autre part on a la satisfaction de constater que les quatre turbulents, dont une dame au chant insoumis, n’ont absolument rien perdu. Neuf titres sont torchés, aucun ne rate l’examen. Blood and pain fait parler la poudre le premier, il est rude mais serti de motifs légers. Dead chuck évoque The Fall dans le débit vocal, lâche un post-punk solide. 13th Hole tient le cap, s’affirme ou, plus précisément, valide une fois de plus un statut de formation aux dispositions établies. Des giclées d’orgue l’avantagent, on reste dans un terrain bourru ouvert aux beaux airs. Walker fait mieux que de marcher, riffe avec ardeur et parfait l’écoute. A nouveau, 13th Hole mêle tension et relative détente sans s’y fourvoyer. Je me souviens alors de ses albums d’avant, toujours bien placés sur mes étagères à son salé. J’en ai déjà le pressentiment, Mantra alignera sans vaciller les titres aboutis.
L’éponyme Mantra, pour ne pas me démentir, se fait sombre et se pare de bruits ingénieux. Ca le fait sévèrement groover, 13th Hole perpétuant là des idées fructueuses. Aguerris, ses artificiers pourraient n’avoir plus à grand-chose à prouver et de ce fait, baisser la garde où faiblir en impact. Que nenni, le ton mordant perdure. Un chemin conséquent a été parcouru depuis les fulgurances noisy de Headache, en…92. L’écorce est un tantinet plus polie, on a dégrossi le registre sans le dénaturer. Loop, avec une basse cold couplée au chant féminin, en apporte la preuve. Il est finaud, sous-tendu, mais n’explose pas….jusqu’à ce que son terme, pesant, alterne coups de semonce et encarts – à peine- bridés. Il trouve son prolongement, alerte et tissé de motifs mélodieux, mais aussi de guitares assaillantes, avec l’excellent Road roller. S’il prend son temps, avance à pas comptés du point de vue discographique, le combo breton n’a rien à proposer qui puisse être critiqué de manière négative.
Melbourne, au gré d’une trame poppy mais rythmée, fait valoir ses mélopées. Là aussi, les gimmicks sonores se font positivement remarquer. Un crachin noisy vient enrober l’affaire, celle-ci est dans le sac. Rennes, à l’image de ce Mantra sans failles béantes, nous offre pour le coup, et derechef, un effort parfaitement troussé. Soap Foam, en à peine deux minutes, pose des tonalités folk qui dépaysent. Lo fi, il emprunte un chemin légèrement différent qui sied à nos amis rennais. Enfin Kill time, dans l’urgence et à la manière d’une Kim Gordon dans le chant, balance pour finir un bordel bruitiste que le gang de Moore et Cie n’aurait pas rejeté. Dans une discrétion qui ne l’expose pas -on le regretterait presque, ses albums méritant bien plus qu’un simple succès d’estime-, 13th Hole ajoute une flèche à son arc, bien taillée et efficiente de bout en bout. C’est le moment, aussi, de ressortir ses opus d’avant l’ère covid, histoire d’en éprouver l’incontestable fiabilité.