Quatuor de Leeds, Lumer en arrive avec Disappearing Act EP à sa première sortie conséquente. En termes de titres tout d’abord: on en trouve six, et des plus réjouissants, sur l’ep. Mais aussi dans l’intensité, digne d’un Shame ou d’un Idles, qui prévaut tout au long du disque. Celui-ci sort, dans nos contrées, chez Beast Records. Ca lui file des points supplémentaires, les Britanniques pilonnent comme on aime dans des balafres post-punk au chant remonté. She’s Innocent feinte presque son monde, toutefois, en se parant d’élans bluesy passés au filtre d’un rock rugueux et corrosif. Il y a du style là-dedans, made in England semblerait-il. Les guitares entrent en crue, le chant assène ses mots et la rythmique lacère le tout. C’est bien parti, on breake un peu…et finalement le morceau trouve son terme. First is Too Late, estocade enragée jouée à vitesse élevée, prolonge le plaisir. Ca gicle de partout, voilà une chanson up tempo qui bruisse et saute à la gorge. Du bon, du très bon, aux airs de cavalcade définitive. Disappearing Act, à la cadence aussi vive mais plus saccadée, balance un autre pavé dans la mare post-punk. L’orage est nourri, Lumer se hisse d’ores et déjà sur les premières marches de notre estime.
White Czar, à la moitié des échanges, suit un mid-tempo dopé au soufre. Alex Evans – Vocals, Ben Jackson – Guitar; Benjamin Morrod – bass et Will Evans – drums affichent une unité décisive, avancent en rangs serrés et laissent peu de place à la révérence. Des coups de semonce s’annoncent, on adhère tous autant qu’on est au tumulte de Lumer. Celui-ci breake en restant intense, venimeux. Un peu à la Nick Cave. La fin du titre est une bourrade sans chaines, sonique et opaque. By Her Teeth, doté de sons d’orgue, si je ne me trompe, célestes, d’une basse qui fait pulser le bazar, d’atours mélodiques bien insérés, nuance le contenu et amène du groove. Le sans-faute se poursuit, on l’auditionne avec une satisfaction grandissante. La chanson file droit devant elle en sa fin, comme une plage de Destruction Unit. Disappearing Act EP à tout l’air d’une carte de visite avantageuse, porteuse d’augures enthousiasmants. The Sheets se retient en se faisant néanmoins agité, puis explose avec panache. Ici, bruit et mélopées, saccades souillées font bon ménage. L’ep est disponible en numérique depuis le 29 janvier, Beast Records gère donc la sortie vinyle.
Photo Phoebe Fox.
L’acquisition est plus que conseillée, Another Day at The Zoo vient conclure en alliant riffs crus et tempo pataud avec brio. On s’y entend, chez Lumer, pour alterner les climats et élaborer des hymnes urgents, « direct in your face » comme diraient les anglicistes. La réussite est totale, le package, de plus, est beau. Le noir et blanc lui sied parfaitement. Disappearing Act EP est dans aucun doute l’une des bombes post-punk du moment, Lumer une révélation visiblement fiable. A vos pesetas donc, voilà un achat impératif qui ne se fera en aucun cas regretter.