Auteur, déjà, d’un premier album éponyme en mai 2019, séduisant, JE T’AIME remet le couvert avec un live proposé à prix libre, joué au Gibus en septembre 2019. dBoy – vocals, synth & percussion; Tall Bastard – guitar & backing vocals et Crazy Z. – bass, synth & backing vocals, épaulés par Cédric Guesdon – sound engineer et Julien Beauchet – light engineer, y donnent une prestation débridée, soutenue par onze titres aux accents mancuniens mais aussi Smithiens dans la voix, sans faiblesse aucune, dotés d’un entrain et d’une joie de jouer qui font la différence. Qualité des dits morceaux oblige, on se retrouve avec un recueil de choix, qui permet de plus d’entendre du live à défaut de pouvoir y assister physiquement. Après l’ep de remixes de février 2020, la trace discographique des parisiens se creuse et Satan’s bitch, pour ouvrir, développe une intro spatiale aux synthés en volute avant de tracer sur une voie cold veloutée. « Bonsoir Paris, nous sommes Je t’Aiiime… »: c’est parti, le titre inaugural évoque Sarah W.Papsun et ce n’est pas pour me déplaire, avec ses boucles obsédantes et groovy « as hell ». Des voix extérieures à la Risqué s’incrustent, avec l’impact du live la chanson prend de l’envergure. The Flying Dutchman déboule ensuite, aussi vivace, tenace, froid et acéré. Guitares dures, synthés encore une fois entêtants, volubiles. A million suns nous Cure, au bout de trois compos on est fin bien.
JE T’AIME s’y entend, il dispose d’un bon registre. Il aime la scène, ça s’entend. Lignes bien cold, basse en vue, riffs crus sur Fuck me avec, en surplus, des motifs bien trouvés. Ses atouts parlent, quelques choeurs étoffent un live dynamique. Hide & Seek amène une touche moins directe, plus céleste. Il est tout aussi probant, un peu « Nasserien » dans ses échappées synthétiques. Merry-go-round fait pulser ses machines, aussi froid que mélodique, aussi alerte que, dans certains plans, aérien. Le trio est performant: la mythique scène du Gibus a du apprécier, le public pas moins.
On a déjà passé la moitié du set, c’est Watch out! qui l’étend sur un ton lent, atmosphérique. Ca passe sans peiner, on retrouve de toute façon une énergie sans chaines quand arrive C++. Trépidant, offensif, organico-synthétique, c’est une balle cold des plus efficientes. Elle défouraille, laissant entrevoir une fin de concert sous haute tension. Spyglass impose ses synthés en torrent, s’envole et dans le même mouvement, se montre leste. Quelle que soit l’option choisie, JE T’AIME se fait aimer, en vient à un rendu sûr. The Sound est annoncé comme dernier morceau, il sert une cold-wave comme aux plus belles heures du genre. On se fade avec plaisir, à nouveau, des « keyboards » fous sur fond de trame en bel équilibre entre légèreté et prestitude. C’était avant la pandémie, avant les délires/foutages de gueule gouvernementaux. Chanceux sont ceux qui en étaient, pour les autres il reste cet enregistrement fidèle.
Un rageur Dance, en guise de final, ponctue le Live. Ca prend donc fin sur une énième bonne note, la foule crie sa joie. Puisse t-on, à nouveau et sans trop tarder, avoir droit à cette même jubilation. JE T’AIME, en tous les cas, sera là pour assurer le bien-être de l’assistance. Peut-être est-il affairé, à l’instant T, à la préparation d’un nouvel opus destiné lui aussi à semer sa félicité auditive ici et là. On l’espère et dans l’attente, Live at Gibus comblera notre soif d’assauts cold bien ficelés et mâtinés de new wave.