MAZOHA vient de Thessaloniki, Grèce, et constitue le projet solo de Jimmy Polioudis. Ce ΠΡΤΘΛΤΣ (PRTTHLTS) est son troisième long format mais le premier, en revanche, concept-album dans la discographie de l’artiste. Ses chansons traient de sexisme, racisme, fascisme et misogynie, ou encore de politique, et véhiculent un son dominé par les guitares, là où d’ordinaire basses et synthés prenaient antérieurement les commandes. La procédure débouche sur huit titres qui déblatèrent (l’introductif Γαμώ), pulsent et font dans l’énergie. Les choeurs bourrus de l’amorce apportent un plus, en se greffant au début soutenu de Polioudis. La trame est rock, minimale, efficace. Ένας Ίσον Κανένας, plus pop mais paré d’une ombre cold bienvenue, prolonge la bonne impression et se pare, aussi, de touches shoegaze. Le chant, à nouveau, se montre volubile. Le rendu est jusqu’alors plaisant, vindicatif dans le ton vocal, saupoudré d’ornements bien choisis. En parallèle des mots qui combattent, on a droit à des douceurs écorchées, dans les sonorités, de bon aloi. Αυτοάμυνα, synth-punk urgent et « guitarisé », se situe à la croisée des genres. Pas rock ni punk, un peu des deux, pas synth ni électro, un peu des deux à nouveau. A la fois mélodique et dérapant, sale et direct, il pose ses notes dans une série cimentée avec adresse.
A la moitié des festivités, Καλωσήρθατε στον Παράβυσσο fait dans la saccade, suinte des bruits déviants, obsède en répétant ses mots de manière barrée. Sans rythme, il se contente de coupler voix immuable, dans ce qu’elle exprime, et fond un brin noisy. L’éponyme ΠΡΤΘΛΤΣ est lui plus frontal, ses guitares y vont de leur assaut franc que les synthés modèrent. L’opposition est bien vue, le chant change de ton. L’opus ne se fige pas, il n’est ni restreint ni ennuyeux. A chaque air joué, il parvient à nous rallier à sa cause, ou plutôt, si on se place du côté des sujets abordés, à ses causes. Il le vaut bien, il n’est fait que de bonnes choses. Ράδιο Κατάθλιψη, plage rock speed à la basse très en vue, allie vitesse de jeu, bruit, tempéré mais appréciable, et touches mélodieuses. MAZOHA fait bien les choses, s’en tient et se fie à des compositions accessibles, sans pour autant faire dans le mainstream. Loin s’en faut. Sa vigueur ouverte (Εμείς Κι ο Κόσμος) rend son disque plus attachant encore. On l’écoutera sans interruption, sans s’en lasser. On tendra même, au vu du discours contestataire adopté par Jimmy Polioudis, à en reprendre les textes. Dans le même élan nous dérouillerons nos carcasses, portés par des chansons vitaminées.
La dernière de l’affaire en cours, nommée Στερεότυπα, est d’ailleurs dans le même ton. Des claviers encore une fois bien pensés y résonnent, la tendance est au shoegaze, au « dreamy » froid et mâtiné d’une discrète électro. Envolées de synthés, immédiateté d’un final habile font qu’au terme des huit morceaux de ce ΠΡΤΘΛΤΣ (PRTTHLTS), on l’adopte dans son intégralité. En Grèce, et plus spécifiquement chez Inner Ear Records, on démontre une certaine habilité à se démarquer musicalement. C’est ce que fait donc MAZOHA, qu’on prend en considération parce qu’il s’agit là, outre un album de qualité, de son troisième effort sans failles.