Basé à Fribourg en Suisse, We Don’t Make It Records sort à intervalles réguliers des disques qui sentent le vrai, le fait maison qu’il importe de perpétuer. Après Crème Solaire et son Pannenstreifen ist ohne pic-nic, c’est un Split 7 » qui voit le jour, unissant Augenwasser et Leopardo. Deux « petits » titres donc, ça pourrait paraitre peu mais au final, la qualité de ceux-ci fait qu’on s’en contente sans sourciller. C’est Augenwasser qui ouvre donc le bal, son Running away lo-fi et rêveur, à la voix douce et grave, fait d’emblée effet. Minimal, vaporeux, il s’entoure de notes fines, s’en tient à des abords réservés et ça suffit, ici, à faire mouche. On note toutefois, sur le tard, des envolées plus rêches, distordues, qui accroissent le côté lo-fi de l’effort. Voilà un produit sans excès, d’une tranquillité trompeuse, à l’accroche affirmée. Le Split est bien lancé, il nous offre de plus la découverte d’une formation qui, sauf erreur de ma part, ne figure pas dans les tablettes We Don’t Make It. Un « guest », donc, qui fait honneur à ses hôtes helvètes. Et passe le relais, pour le second et dernier morceau, à Leopardo qui a déjà eu l’honneur, de son côté, de quelques lignes ici-même pour son Is It An Easy Life? paru en septembre 2019. Un pièce aux écarts flamboyants, une de plus, dirai-je, au sein de la structure concernée.
Assez de blah-blah, Happiness / Paradise mêle les voix dans un premier temps, les laisse faire dans la jolie fantaisie et s’appuie sur un psychédélisme dépaysant. Spatial, le titre se pare d’un fond qu’on sent au bord du précipice, prêt à entrer en éruption. La retenue de la chanson lui donne de l’intensité, elle semble s’arrêter mais au lieu de ça, s’embarque dans des sons expérimentaux psychotropes. Et, sur sa fin, mue en un essai griffu, où guitares fuzzy, batterie marquée, sons d’ailleurs et chant typé font bon ménage. En trois phases distinctes, Leopardo trousse un track de classe, hors-cadre, qui achève un deux titres à l’écoute prenante. On n’en attendait pas moins d’un produit estampillé We Don’t Make It Records; le vinyl handmade » vaut, vous l’aurez compris, qu’on lui accorde quelques pièces. L’action sera bien plus louable, en tous cas, que de mettre ses ronds dans des sorties prévisibles plébiscitées en toute hâte par des médias en mal de sensations.
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