Walk Home Drunk est le projet solo de Daniel Selig (Docks), accompagné par Jeronymous Bouquet à la batterie alors que Robin Cousin, pour parfaire un son redevable à l’emo old-school tout en parachevant des climats géniaux à la Swell ou The Notwist, lâche des sons « sous MPC » du plus bel acabit qui puisse être. Time Flies EP est la troisième trace discographique des trois lurons, il fait suite à d’autres sorties qui ont du, d’ores et déjà, combler leur monde dans la ville du sud qu’est Toulouse et alentours. Sur cinq titres fins mais sous tension maîtrisée, avec passion et accoudé au bar du cousu-main à laper à grands godets, Walk Home Drunk nous amène non pas sur la route du retour à domicile, dans une errance éthylique titubante, mais dans des contrées tout de même…enivrantes, aux climats superbes. Le truc sort en K7, j’en adore la pochette et le fin d’un Finish Last pur, en ouverture, nos régale comme de la confiture. Un brin amère, sucrée, celle-ci n’est pas à donner aux cochons. Elle se réserve à ceux qui savent, qui déjà en bavent, et renvoie un ton tristounet à l’écrin sonore en or. Il y a du Swell, du Notwist, dans ces trames bluffantes. Je l’ai déjà dit, me semble t-il? Je le répète donc. Leurs guitares dérapent, à côté d’elles les sonorités répétées nous tapissent le gosier. Trop bon.
On replonge la cuillère dans le pot, morceau de pain dans la main gauche. On tartine généreusement, c’est du local sans saloperie « inside ». On Fire allie caractère et subtilité, file vite puis met un coup de frein. C’est un instru, sombre et charmant, qui croque sous la dent. Mazette, jamais bouloté un aussi bon quatre heures! A se lécher les doigts, en éructant un « Urgh » de satisfaction totale. Un morceau à la paresse attachante, aérien, d’abord doux comme la brise avant se faire plus dur. Le chant, de son côté, conservant ses airs avenants. Une perle chantée, suivie d’une autre à l’instru délié. First Swim, ses airs post-rock en apparence tranquilles, mais pas tant que ça. Encore une fois, on laisse l’ambiance nous gagner; pour ça, Walk Home Drunk a toute sa lucidité. On est sous le charme, dans une bulle qui protège et tutoie l’excellence de l’indépendance.
C’est à Anti-summer, lent, au refrain simple et rêveur, que revient l’honneur de claper la fin. On s’incline devant tant de beauté, d’ombre merveilleuse et de splendeur dans le décor. Le final s’anime, hausse le rythme, met la chair de poule et laisse ses sons dériver. On est conquis, tous autant qu’on est, par ces formations qu’on découvre presque par hasard -c’est ici mon cas- et qui, immédiatement, sonnent à nos oreilles comme des artisans sonores de derrière les fagots, forts d’une science de l’accroche qui les rend meilleurs que bien d’autres. Magnifique et c’est signé, qui plus est, Hidden Bay Records.