LohArano. La source. La leur, à ces malgaches qui rien ne gâchent, résulte de leur parcours et de tout ce qu’ils ont pu y avaler. Et putain (pardon Saigneur, oups pardon Seigneur), c’est réellement quelque chose. Du jamais entendu car jusqu’alors, jamais la fusion malgache n’avait résonné dans nos bicoques. Jamais, au grand jamais, on n’avait eu à jouir d’un bouillon musical si singulier, qui rend hommage aux rythmiques ternaires ancestrales malagasy en les perfusant au rock caractériel, en les seringuant au métal façon SOAD ou, dans la voix, Skunk Anansie. Ceci en soulevant des questions loin d’être creuses, résumées ici: quels pouvoirs recèle-t-on à l’intérieur ? Que choisissons-nous de répandre autour de nous dont nous nous faisons alors la source, à notre tour ? La réponse, magiquement singulière, d’une force de frappe inouïe, tient en quatre titres au panel riche et sans triche, qui débute tribalement et dans une trame psyché qui très, très vite durcit le ton, se métalise, prend un ampleur vocale phénoménale sous le joug de la frontwoman Mahalia Ravoajanahary, et envoie tout le monde dans les cordes. Celles d’un ring où ce groupe est maître, détenteur d’un son m’évoquant Ifriqiyya Électrique. Et la rapprochement, si l’on tient compte de ma haute estime pour le groupe où officient François R. Cambuzat et Gianna Eylem Greco, constitue bien entendu une flatterie totale et amplement méritée.
Pour ceux qui feraient dans le dubitatif, Fototra fusionne dans un groove novateur où tribalisme, clins d’oeil à un registre daté superbement remis au gout du jour, guitares en guerre et rythmique pachydermique décrochent le gros lot. Pas à coups de grelot, mais plutôt à grand renfort d’élans percutants. Et colériquement dépaysants. Si tu ergotes encore, Tandroka s’occupe de ton cas. Basse funky royale, grattes épileptiques, chant des terres locales, motifs plein le bocal, débit nourri et massif. LohArano met toutes les chances de son côté, à vrai dire il n’en a pas vraiment besoin: son identité le démarque de n’importe qui d’autre. L’éponyme Loharano, plus « sage », plus climatique, visite des terres psyché sans tranquillité. Vocalement, instrumentalement, ce bazar est dément. L’avide de différence que je suis est comblé, l’ep me fait ma soirée et ira même au delà. LohArano m’emmène ailleurs, rend mes jours meilleurs. En 2021, c’est vraiment pas rien.
Il funke aussi, avec le terminal Tempo qui aura ta peau. Il ne tient pas en place: le débit est trépidant, ses tonalités frappées et frappantes. Le terme est brutal, métal, groovy, plein de vie. Ces trois-là trouent les troncs, font front sans sourciller. J’ai pas fini de l’écouter, à l’heure du thé comme à tout moment, cet EP qui aspire à la paix (intérieure) dans un tumulte bienfaiteur. La promo à intérêt à me l’envoyer, dans sa version physique, que je le mette dans mon véhicule en roulant dans les champs. Aux airs d’un nouveau et sans chaines, émanant d’une formation capable de retourner n’importe quelle scène. LohArano, retenez bien ce nom, on ne peut lui dire non. Son debut EP, furibard et passionnant, mériterait de passer avant toute autre toute autre parution si l’actualité musicale, en ces temps où des connards finis flinguent notre culture, n’était pas aussi fournie. Dans son flux tendu, elle nous lègue LohArano et le cadeau, vous l’aurez compris, nous vaut l’un des butins les plus mutins et inspirés qui puissent actuellement être et réjouir nos êtres.
Vidéo « bonus ».