Ductape est un duo turc, d’Istanbul plus précisément. Furkan Güleray et Çağla Güleray le forment, ensemble ils font jaillir une cold-wave plutôt mélodique, appuyée ici par huit titres typiques du genre, qu’ils tendent à honorer dans la constance. Labirent est leur premier album, de sortie chez Swiss Dark Nights et ça aussi, ça ne présage que du bon. Bury you ouvre la porte des « réjouissances », bien que son titre n’y incite que très peu, en projetant une ombre cold dans laquelle on décèle un bordurage new-wave et des airs à la New Order, dans les notes et l’étayage. Sans faire preuve de génie, mais en portant une certaine adresse dans les textures, Ductape commence bien. Il poursuit avec autant de brio, de manière qui plus est vive, avec Wooden Girl. Le chant de Çağla apporte un côté mutin, « dame sombre », qui constitue un plus. L’instrumentation se fait grondante, est parée de motifs sans défauts. On remarque, au contraire, la capacité de Furkan à s’en sortir avec les honneurs. Les dispositions se confirment, on peut par conséquent se prendre à espérer un sans fautes.
Rain, à l’aide de gimmicks nuageux/grésillants couplés à un rythme fusant, ne dépare absolument pas. Il entérine, à l’inverse, la qualité décelée au fil de ce Labirent où on peut se perdre sans crainte. Darkwave, énergique, l’association stambouliote turbine avec efficacité. L’opus aligne les tires avec unité, Empty laisse pulser ses basses, librement. Les synthés, aussi déterminants, enfilent les trames attirantes. Des guitares acérées s’incrustent, la légèreté fonceuse de la plupart des titres oblige à rester à l’écoute et on ne le regrettera pas. Peu, voire prou d’atermoiements à relever ici. Et le plaisir, conséquent, de dénicher une formation turque valeureuse comme peut l’être, dans un style similaire, Selofan en Grèce ou encore She Past Away dans la même nation que nos deux complices. Lesquels, avec Hata et son chant « du pays », me font le plaisir de me rappeler Kim Ki O, dames au registre lui aussi cold, venues…d’Istanbul. Preuve que dans ces terres, résident bon nombre de projets à suivre.
Tuzak arrive, de même teneur que le reste. D’aucuns souligneront un ensemble invariable; l’idée est vraie mais tout est bon, voire plus, sur ce Labirent loin d’être un dédale. On s’y retrouve aisément: on y trouve, surtout, notre bonheur sonique. De la vigueur, de la cohérence, et des morceaux solides. Mirror impose même; avec ses claviers introductifs, une louche d’exotisme. Puis vite, il déboite et…s’arrête. Moins d’une minute, dommage; il aurait été bon de l’entendre se développer. King, final dark et une fois de plus débridé, achève l’album comme il avait débuté, donc sans chuter. Des six cordes bien ficelées lui donnent du coffre, en à peine plus de deux minutes la messe est dite. Compact et droit dans ses bottes, Labirent, pour un premier long jet, permet à ses géniteurs de prendre un envol prometteur. On leur souhaite, par conséquent, une suite du même niveau sans douter de leurs facultés à y parvenir.