L’ Ambulancier, c’est un projet peut-être pas lancé à toute berzingue encore (il faut prendre soin, lors du trajet, de la santé du malade). Mais tout de même…y’a « l’bétail » Palem Candillier, autrefois entendu chez So Was the Sun, à la conduite. Le bolide hospitalier a été révisé par Hugo Cechosz (Eiffel, ex-Twin Twisters et ça c’est pas rien mon quinquin) alors que côté co-pilotage live, Charly Chevreux tient la basse et Henrique Valadares la guitare. Quid du son, alors? Une sorte de post-punk où l’électro s’alite, amène un putain de groove (Alignement désastre). Où, aussi le français dit des choses qu’on peut estimer. Je l’attendais plus féroce, cet ep mais après écoute(s), un constat se fait jour: ses titres finissent par s’incruster dans nos cabanes à plaisir, durablement. Et ouais Biggy! Parce que déjà, t’allumes à peine l’appareil que des « tou-tou-ta! » euphorisants lancent Anti-système solaire. Un rock juteux et riffu, mélodique mais entrainant. « Oui c’est vrai, à quoi bon chercher à changer les choses? », interroge Palem. Son premier morceau, déjà, change un peu la donne et suscite l’envie d’en entendre un peu plus. C’est déjà beaucoup, pour vraiment changer les choses on attendra que compétence et bienveillance s’installent aux manettes gouvernementales. Pas d’main la veille, alors on a le son. Lui, au moins, ne trompe pas.
C’est bien pour ça qu’après le duel guitares-claviers du titre d’ouverture, Evidemment sonne bourru et que sa basse, grasse, fait pulser l’bordel. On a l’énergie, les claviers bordent des trucs qu’on gardera dans nos crânes. Sans détours superflus, sans partir dans des envolées du style « T’as vu c’que j’sais faire Bébert ». C’est efficace ce foutoir-là, je vous l’avais dit: au début on douterait presque, après ça on chantonne les ritournelles de L’Ambulancier en se remuant le fessier. Ses refrains défrisent et aisément, se mémorisent. Ah bah voilà, les keyboards font péter les boucles avec du sucre-glace par dessus. On bouffe tout, les grattes nappent le mets de coulis plutôt offensifs. Qu’est-ce qu’on s’amuse, au son du dit morceau taillé dans un rock pénétrant. Efficience, encore, et sens du son qui squattera les caboches. L’Ambulancier tient la route, le patient est pris en charge en vitesse et avec professionnalisme, dans l’urgence que son état nécessite. Mais sur son lit, déjà, il chante et donne des signes de vie. Le riff crache, le langue de Molière évite l’enlisement par le truchement de textes élevés. Je me suis surpris, ce premier jet, à le trouver presque, mitigé. Le jugement est révisé, Monogame fait ses gammes en se situant dans le haut de gamme, ou pas loin.
Photo Jordan Dorey.
Une pincée de post-punk, un fond de rock français franc et sincère. Ca promet, les guitares appuient le propos et le chant s’emballe. On finit comme on avait commencé, bien et sans vaciller. L’Ambulancier, de surcroît, gère ici tout, à l’exception des percus laissées aux bons soins de Wilson Raych, et des programmations qui échoient à Clémentine Charuel. Le sieur Valadares, cité plus haut, s’empare de la basse. L’équipe « soignante », bien en place, tabasse comme on aime. C’est bien assez, je ferais bien la fine bouche en incitant le Palem et ses acolytes du personnel hospitalier à envoyer encore plus, à planter leur seringues, dans nos épidermes, plus profond encore. Mais déjà, on va bien mieux. L’Ambulancier est passé par là, son EP bien troussé a fait son effet; on peut regagner son domicile sans crainte et au retour, faire sonner la rondelle, sortie chez Tadam Records, sans relâche afin d’assurer une parfaite convalescence.