Californiens foufous et foutraques -les bases sont donc déjà bonnes-, les trublions de Juicebumps servent un rock où fantaisie, énergie, idées sonores à la pelle, touches post-punk et airs aussi jubilatoires qu’un Parquet Courts ont leur siège. Ce Hello pinky! est le premier long jet des joyeux drilles qui, en bouffant à plusieurs râteliers musicaux, accouchent d’un disque hautement réjouissant. Parker – vocals, guitar, samples; Luca – bass, vocals; Spencer – synthesizer, vocals, marimba et Nick – drums, additional percussion alignent treize titres frétillants; Wet leather démarre rockab’ ou pas loin, convoque des voix extérieures, file et rutile comme un B 52’s de la plus belle époque. Oh, les guitares font leurs Lutins de Boston. Excellent. Le chant gicle, les riffs itou. La vigueur est débridée, les mecs ont été comparés à Devo et effectivement, on touche à la loufoquerie des signataires de Q: Are we not men? A: We are Devo!. Le registre est toutefois, ici, moins « mécanique », plus direct. Et finalement aussi profitable. A l’instar de Fraidy cat, urgent, crieur, au décor de sons ultra plaisants. Du bien ficelé, rapide, sans vide.
Aussitôt après, Hairy world, entre finesse vive et chants foufous, remet un jeton dans la machine à tubes. Indé bien sûr. Juicebumps frappe fort, aussi, quand il se « hache » dans le rythme, prend des airs bluesy et marie des voix, comme chez Kate Pierson and Co, opposées (Smalltalk). Le contre-nature, ça engendre parfois de superbes unions. On jette ensuite par dessus bord un Wetboi à la voix assagie, subtil et entrainant à la fois. Presque crooner, le chant marque à nouveau son monde, avant de repartir dans des « travers » qu’on apprécie grandement. Alarm clock en fait étalage, dans cette succession entre sagesse -toute relative- et coups de semonce le groupe excelle réellement. C’est derechef le cas sur Trash crimes, d’abord léger bien qu’alerte. Et qui ne peut s’empêcher, passé ses premières notes, de prendre la sortie, la tangente. Avec classe et folie, avec panache et savoir-faire. Ants, joli coup de trique post-punk lui aussi savamment orné, n’est pas en reste. Il va sans dire que la nature des sonorités est pour beaucoup dans l’attraction que Hello Pinky! exerce. Le Cèpe Records et Time Room Records, tous deux impliqsués dans sa sortie, peuvent s’en frotter les mains, l’affaire est à leur avantage. Soggy meow vient la parfaire, presque cold au départ, grinçant de par ses bruits d’étoffage. Lo-fi également car chez ces gaillards, on fait bien avec peu.
Alors vient c0mPut3r_p30pL3, soniquement ludique, électro-cold et chanté, encore, avec cachet et déviance, puis ce Jumpy jazzy, à l’organe vocal sensible et affiné. Magnifique. Ce disque est un piège, dans lequel on ne peut que chuter. Varié et vitaminé, pensé avec agilité, jamais normal, jamais, non plus, trop sinueux, il captive sans forcer. C’est une découverte à surligner, qu’Asphalt kiss et son ombrage cold à la voix flemmarde vient fermer avec maestria. Juicebumps laisse derrière lui un disque sans aucune faiblesse, tortueux mais « comestible », dont la découverte et c’est là une lapalissade, est impérative.
Site Juicebumps / Bandcamp Juicebumps / Bandcamp Le Cèpe Records / Bandcamp Time Room Records