Ex-Redeye, (Thisis) Redeye aime, depuis maintenant quatre albums et deux Eps, à brasser folk dénudé, lo-fi et folk rock en parant ces courants d’écorces variées, concoctées avec un savoir-faire indéniable. Avec Lay Me Down, Guillaume Fresneau et ses acolytes réinvestissent live, en studio et magnifiquement, trois chansons parues sur disque (deux sont tirées de l’album Desert Eyes – Faded et Desert Eyes, une des Memory Layers – Old Heart), tout en nous livrant un inédit de taille appelé Lay Me Down. C’est ce dernier qui prend la tête, Guillaume Fresneau donc – Voix & Guitare; Marie Herbault – Basse & Voix; Mino Berlan – Batterie et Armel Talarmain – Guitare lead, dans un ensemble assuré, en faisant un premier jet d’abord finaud, folk et psyché, « americafolk », dirai-je tissé avec soin. L’écrin est beau, il fut enfanté lors d’une résidence à la Nouvelle Vague de St Malo fin 2020, porteuse puisque débouchant sur une amorce réussie en tous points. Et qui, en sa fin, prend des airs noisy façon Neil Young quand le Loner lâche la rampe, ou encore Ride dans les 90’s, quand Andy Bell et compagnie tranchaient dans une couenne bien sonique. Imparable. Mais qu’en est-il des relectures à suivre? Rassurez-vous, Faded est également une perle. Rock, bourru et flemmarde, d’un chant racé. Chez ces mecs-là on ne triche pas, on joue vrai et on évite de se planquer derrière des artifices que de toute façon, on ne maîtriserait pas.
Pour l’heure l’EP, de fait, est une délectation. Ses guitares le bordent en dérapant, savent aussi faire dans la douceur certes, mais jamais trop. On sent, on entend, un produit sincère. Ses airs de Pixies, ça et là, (me) font le plus grand bien. Old heart marie folk et americana mesurée, renvoie une grande sensibilité, monte en intensité tout en s’en tenant à des abords avenants. Rythmique souple, guitares une fois de plus scintillantes, « sévères » quand il le faut ou quand le quatuor en fait le choix, se greffent au chant. On évolue là dans des sphères où liberté de ton et jeu tenu voisinent, dans la rêverie ou dans le tourment. La deuxième option, sur Desert eyes qui vient clore l’effort, est de mise. On sent toutefois, derrière, l’air se vicier. L’envolée est magique, fuzzy (le clin d’oeil à Grant Lee Buffalo, finalement, n’est pas si hasardeux), sur ses ultimes instants elle bouillonne et reste admirable. Notons qu’en cette occasion, un poster format A4 en sérigraphie 5 couleurs en édition limitée à été imprimé à l’atelier Waiting Room (joli nom!). La sérigraphie sera vendue en option avec le téléchargement du disque via Bandcamp. Je glisse l’info, me disant que de façon certaine l’objet vaut d’être possédé.
Le verdict, par conséquent, est clair et net: (Thisis) Redeye, d’une part, trompe joliment notre manque de son, de prestations live. Parallèlement à ça, il délivre quatre morceaux merveilleux, joués sans contraintes, dans l’unisson d’un groupe au point et de toute façon rodé. On se surprend, à l’issue, à espérer un nouvel opus de format supérieur. Gageons que dans cette perspective, (Thisis) Redeye saura mettre tous les atouts de son côté et que le rendu, après écoute répétée de Lay me down, ne saurait être moins concluant que ce dernier.
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