Zack Zack Zack, ma trouvaille du samedi, se compose de Yigit Bakkalbasi et Cemgil Demirtas. Deux hommes d’Izmir en Turquie, qui vivent actuellement à Vienne, en Autriche. L’ep décrit ici est leur tout premier, il fait suite à quelques titres parus isolément et rend hommage à leurs racines turques en les combinant dans un premier temps à des embardées cold, dans la voix, façon crooner glacé. La découverte est notable, déjà et sans attendre Bütün place, pour débuter, des vagues synthétiques insistantes et ce chant, typé donc, qui fait la différence en s’accouplant avec des sonorités orientalisantes. De la cold-wave mâtinée de new-wave, de l’allant, des bonnes idées sonores et voilà que le piège se referme: on les aime. L’usage de l’Allemand confère au tout, en plus, une « gutturalité » qui s’oppose à la finesse des sonorités venues d’ailleurs. J’adore, j’ai ici le sentiment d’entendre un truc innovant. Alles was du hast, entre notes cold et rythme une fois de plus appuyé, s’entoure, lui, de vocaux plus songeurs qui, vite, prennent du relief. Techno-cold, vapeur de « là-bas », climat dépaysant font derechef succomber l’auditeur.
De ces deux titres enlevés, on passe ensuite à Galactica qui, d’abord (et d’abords) spatial, s’anime sans se presser, dans un déroulé saccadé. Ca prend à nouveau, on se laisse enrober sans résister. Notons que sur l’ep, Cagri Özyürek joue du cümbüs (luth à manche long similaire au banjo, turc bien sûr, ce qui accroît le ressenti de déracinement) et Ollie Joestar du saxophone. Melodi Begüm Ünlüsü assurant, de son côté, les vocaux du morceau final. Disco Traurig, dans une veine électro-pop alerte, qui breake et s’habille de sons dreamy, fait à son tour effet. Puis This Feeling, où le sax rappelle les Psychedelic Furs et l’organe de Melodi amène une touche jazzy et féminine, conclut un EP qui, après une entrée en matière unie et « refroidie », visite d’autres sphères avec succès. Et de manière groovy, dansante, réjouissante aussi évidement.
Si l’ensemble peut, de ce fait, paraitre sinon éclaté, du moins changeant, il révèle du très élevé et ne lasse jamais. Zack Zack Zack, pour sa première création conséquente, nous cède un excellent répertoire. Il y a sur son EP 1 tout le nécessaire, donc, pour continuer à se distinguer. Yigit et Cemgil brassent les genres avec habileté, s’entourent bien et évitent la monotonie. On veut une suite, vite, d’une teneur au moins aussi déroutante mais cohérente, accessible aussi, de la part de ces musiciens aux initiatives heureuses et originales. On valide donc sans la moindre hésitation, avec d’autant plus de plaisir que le résultat final se veut constamment singulier.