Projet basé à Kassel, en Allemagne donc, Cassette 2020 réunit Laurent Barnaud aka Fandor, chanteur, guitariste et songwriter bordelais; le DJ et producteur Bernd Kuchinke avec son acolyte Alexey Wysh, tous deux de Kassel, et le producteur berlinois Matthias Rewig aka Deerway. Ces quatre-là adorent le format cassette et les genres suivants: synthpop, house, trip hop, dark disco, dub techno, indie pop, chansons etc…ainsi que les 80’s. Leur premier album sort en digital et…en cassette bien entendue, reçue hier et aussitôt enfournée dans le lecteur, bellissime qu’elle est avec son walkman Sony en couverture. Les 80’s quoi….et le contenu, bien qu’un tantinet « somnolent », est loin de gâcher le plaisir du premier contact. Cette chambre bleue (Deerway version), en ouverture, exhalant une sorte d’électro-pop discoïde doucereuse mais alerte, aux textes en Français d’une certaine inspiration. La chanson breake, aériennement. Une voix féminine s’invite, puis on repart sur un temp, spatial assez remuant. Une entée en matière estimable, que Les Cartes Postales (Deerway Version) complète en lâchant, lui, une synthpop climatique, déliée. On reste donc dans le vaporeux, dans l’ondulant sans trop d’agitation. Mais de bonne facture. Nos yeux brulent, où voix et synthés forment une trame dénudée, groove et se perd lui aussi quelque part dans le cosmos.
Ce Sont Tes Mains (Deerway Version), ensuite, livre un déroulé plus vivace tout en conservant, tout de même, des contours célestes. Cette Chambre Bleue, dans une électro-pop plutôt rêveuse , à la cadence discrète mais soutenue, s’ajoute à la version de Deerway. Ici, chacun donne et apporte sa touche; au final, la cohérence est audible. Le registre n’est pas forcément débridé, mais offre une certaine unité dans ses ambiances. Ce Sont Tes Mains se pare de sons froids et bien 80’s, de paroles relatives, comme de coutume avec Barnaud, aux rapports humains en phase notamment avec la relation amoureuse. Il y a donc à dire, mais la plume est de toute façon agile comme sur ses efforts solo. Nos Yeux Brûlent (Stefan Bayer Version), alerte de par ses sons insistants, vient se joindre, pour sa part, à sa première version. Ses sonorités attrapent l’oreille. Puis Ce Sont Tes Mains (Deerway Dub Version), suivant un dub aussi enfumé qu’affirmé sur le plan rythmique, amène un peu de « vitesse » à l’album, de même que quelques traits funky et dépaysants. L’ensemble se tient sans soucis, on aurait toutefois apprécié qu’il lâche la rampe plus souvent.
On finit, en bout de course, sur deux versions des Cartes postales. Une première « normale », disco-pop sage et mélodique. La seconde, intitulée Les Cartes Postales (Rittis Melange Version), floutant ses voix et accentuant son rythme, avant plusieurs minutes de sons cosmiques à peine audibles, comme venus de loin. Cassette 2020, s’il reste en l’occurrence « prudent », nous sert au final un opus aux traits électro-pop/synthpop de qualité, à mon sens encore trop timoré, qui gagnerait selon moi à prendre la tangente de manière fréquente, à s’enhardir et à s’extraire de ses tendances à la « spatialité » récurrente. Lesquels, notons-le bien, exercent malgré tout un attrait certain et se montrent, de par leurs textures, enveloppants et attachants, parfaits à écouter de nuit ou dans les moments de « chill ». Et ont de plus le mérite de nous rappeler, par leur contenu, ces 80’s foisonnantes à l’influence encore prégnante à l’heure actuelle.