Cabale est un power trio (batterie, basse , guitare) composé de Rabih Gebeile (Mondo Cane, Murmuration, Backbone Party) à la basse et au chant, Arthur Travert (Maud Octallinn, Sundown, Vodka Gun) à la batterie et Michel Malégeant (Moonman & The Unlikely Orchestra, Desmond Korma, Maps of Jupiter) à la guitare. Après une période de préparation prolongée, les trois hommes qui comptent dans leurs influences Shellac, The Jesus Lizard, Sonic Youth mais aussi Slint, Shipping News ou Blonde Redhead sortent un EP, éponyme, aux six titres qui les gratifient. Les climats sont divers, l’approche à dominante 90’s et Ditch, en ouverture, conjugue riffs virulents et dynamique noise tout à la fois leste et saccadée. Le morceau m’évoque nos précieux Basement, de Libourne, qui s’illustrèrent entre les 90’s et les années 2000. Il est donc de valeur, on trouvera d’ailleurs une constante, dans la fiabilité des compositions, chez Cabale. Si Cabale il y a, celle-ci, en l’occurrence, profite largement à l’auditoire. Mean Men, s’il s’amorce dans le tranchant, prend ensuite des atours plus légers, par le biais du chant et de l’instrumentation. Ses riffs plombent toutefois le ciel, son fond se fait lentement menaçant. On a le sens, chez Cabale, de l’atmosphère qui accroche et force à l’attention. A la tension, aussi.
Le morceau, passé son temps « calme », s’emballe d’ailleurs. Sans révolutionner le créneau qui l’intéresse, le groupe de chez Greed Recordings, dont les références méritent elles aussi qu’on y dépense notre temps, y apporte une contribution bien loin d’être négligeable. Secrets, presque pop mais dans l’allégorie rugueuse, la charpente sans faillir. Les fondations, chez Cabale, sont solides. On flirte, de temps à autre, avec le post-rock mais soyez rassurés, ce dernier se veut vivant et évite de réitérer ses plans jusqu’à l’assoupissement. On en vient au mitan de l’EP, en tous les cas, en n’y décelant que du tout bon. Felix livre un chant rageur, des guitares lourdes. La cavalcade arrive, notons que les changements de braquet, ici, se font avec le plus grand naturel. Un break post survient, des voix cinématographiques -la chose est certes convenue, car très pratiquée ailleurs, mais fonctionne- s’y invitent. Puis un tempo haché revient, à l’issue d’un morceau variable dans les chemins suivis. On ne s’y perd pourtant pas, Stockholm se présente après cela en imposant un début subtil.
Son chant est grave, typé. A l’amorce fine succède un flux plus enragé. Des deux penchants affichés, Cabale maitrise l’alliance. Son EP, amené à sortir en digipack trois volets ainsi qu’en digital, tient son rang. Enemies le termine en liant voix songeuse, narrative, et arrière-plan retenu autant que vicié, sur une cadence plutôt vive. Là encore, ça fonctionne. Pas une fois on ne pense par trop, alors que défilent les morceaux, aux influences citées plus haut. La basse pulse, les guitares brodent des sentiers aux détours captivants. L’ensemble est pertinent, il nous fait miroiter un avenir attractif pour Cabale, qui se pare déjà d’une carte de visite éloquente. A l’issue du titre terminal les riffs envoient, sèchement. Puis tout s’arrête mais ce n’est rien, Cabale et ses six chansons bien troussées recueillent d’ores et déjà et sans « ergotage » possible nos avis favorables.