Né des cendres de divers groupes de screamo, math-rock et emocore luxembourgeois, no metal in this battle évolue dans un format instrumental qui permet à son « afro post-punk » (c’est en fait bien plus que ça) de trouver un point d’accroche bien ancré, tributaire des errements créatifs du quatuor qui, depuis the husky tape en mai 2012, sort du son à part. Avec ce deux titres qui groove de partout et impose ses impulsions, on en prend plein l’buffet. Kraut, psyché, post-punk multiformes donc oui, afro entre autres, pointes noise, angles math-rock et fonceries célestes s’acoquinent pour, en seulement deux compos donc, persuader le réfractaire au tout-instru que je suis. Il faut dire que les arguments sont bons; qui ne bougerait pas sa carcasse quand débute le dépaysant Shimokita, premier exercice hybride aux tressaillements communicatifs? Plein à ras-bord de notes qui dénotent, de gimmicks et vagues brumeuses, le titre inaugural breake, se fait léger, répète ses motifs jusqu’à nous hérisser les tifs. Il ondule en mode funky, riffe avec une putain de puissance, s’embarque dans une virée kraut truffée de loopings. Dans un espace troublé, les trous d’airs font tanguer le vaisseau, qui connait toutefois son but et ne s’en laisse pas dévier.
On resserre la ceinture, tourneboulé. Mais on garde les yeux, et surtout les oreilles, ouverts car le son vaut d’être investi. D’autant qu’en deux titres, la messe est vite dite. Zeitzonensynchronisationmechanismus (excusez du peu…) vient pulser à son tour, la clique rodée au live et dopée à l’expérimentation s’en sort une fois encore avec un brio déroutant. Comme sa zik. Sur le dit morceau, on met des virgules afro, des points de suspension cosmiques, des sons lunaires en complément. C’est dément.
no metal in this battle, comme propulsé dans un globe dont il ratisse le panel sonore avec la dextérité d’un jardinier, crée un langage. On « kraut » en avoir fini mais non, la plage s’étire et change de ton à l’envi, sans perdre une seule seconde en pertinence. Il existe une symbiose, dans ce groupe, qui fédère la troupe. De sonorités spatiales en élans inarrêtables, no metal in this battle se fait aussi savoureux que sa pochette, qu’on a envie de bouffer à la vue de ses ananas tartés. La battle est gagnée, le final du morceau final (tout un programme..) pose des tons rugueux perchés quelque part bien haut. Ca s’arrête d’un coup, là où on s’imaginait l’instru repartir dans la visite d’autres contrées. De toute façon le tour est joué: Shimokita/Zeitzonen est un OSNI (petit clin d’oeil au groupe lillois qui, il y a plus d’une décennie je crois, nous régalait selon un autre registre) -Objet Sonore Non Identifié donc- de haute volée, performé par quatre zigues en pleine forme sonique.