Hoorsees est un quatuor parisien, bizarrement qualifié de « rock rétro », et celui-ci n’est jamais de trop dès lors qu’on démarre l’écoute de ce premier album scintillant où, sous des airs de « j’m’en balec » un brin dispensables mais qui visiblement servent la qualité de ses efforts, la clique fait feu de toute note. Et s’amuse à nous livrer, nous auditeurs plongés dans le privilège du son divin, neuf chansons imparables. Dotées d’une pincée d’allégorie, de reflets slacker et de teintes 90’s qu’il sera difficile de rejeter. On est d’ailleurs bien en peine, quand Overdry fait juter son rock racé, de lui refuser nos suffrages. Ses mélodies sont des bonbons, ses voix féminines des guimauves et par dessus, on rajoute l’acidulé nécessaire à ce que la gâterie devienne irrésistible. Voilà de suite un titre qui fait fredonner, réveille une douce nostalgie et séduit sans rémission. Il est vif, pétillant, à vrai dire parfait. Pitfall, dans une sort de paresse bien foutue à la Pavement, lui offre une suite qui se pare du même attrait vocal, d’atouts sonores décisifs. Le tout de manière moins directe mais, au final, aussi définitive.
FuckHead, après ce duo d’ouverture sans manquements, plairait lui aussi à Malkmus and Co. Derrière des airs dégingandés, Hoorsees tient debout, impose des choeurs à nouveau joliets. Chaque morceau légué est d’une évidence surprenante. Le mariage des genres, dans le chant, et les petits excès sonores qui parsèment le disque sont de bon aloi. Major League of Pain, l’EP précédent, promettait. Hoorsees, lui, en valide les bonnes dispositions. Et ce, de bout en bout. Get tired, petit hymne doucereux-cinglant à la fois lo-fi et poppy, permet à ses guitares de s’illustrer. Magnifiques, 90’s et carillonnantes, elles se greffent à une chanson tantôt leste, tantôt plus pesante. Il est l’heure de faire péter la partie de jeu vidéo, au son d’une ritournelle douce-amère de haut vol. Videogames donc, en guise de cinquième réussite d’un album qui ne contient que ça.
Major league, aérien mais tout de même appuyé, accentue donc l’effet de la rondelle, qui sort chez Howlin’ Banana et Kanine Records. Deux structures où toujours, et sans discontinuer, on fait dans l’indé cousu main, merveilleux. Comme l’est Give it up, fait de jolis petits sons en son début et qui ensuite, se permet de faire la nique à un The Pains of Being Pure at Heart. Ca situe bien le niveau atteint, l’excellence totale de l’effort de Hoorsees. Chez lui se suivent, sans toujours se ressembler, les pépites enthousiasmantes. Ces quatre-là peuvent faire dans la douceur piquante, dans l’air poli comme dans le plus dirty. Tout passe, rien ne lasse. Instant tea, à la quasi-fin d’une réjouissante rencontre, offre une pop-rock tumultueuse et ravissante. Tout ce bazar parait si simple, si vrai, qu’on n’en est que plus entiché encore. Le digestif arrive alors, il a pour nom, délicieux breuvage qu’il est, Waterfall hurts.
Sur près de huit minutes, histoire de se quitter en laissant un souvenir indélébile, le dit titre joue avec la psych-pop, prend la montée, menace de tout péter sans le faire. Oh, j’m’ai trompé, il ne dure que quatre minutes. Mais on l’aime. Et puis si t’es patient, il te reste un bonus de premier choix, plutôt tranquille et puis finalement nerveux car chez Hoorsees, on aime bien balader, un peu, son monde. Et le régaler en signant, avec maestria, un album qui met du baule mais n’oublie pas de tabasser avec une certaine distinction.
On est conquis, le tout s’écoute de plus avec la plus grande facilité et sans avoir à fournir le moindre effort d’adaptation. Du clé en main de la meilleure des vignes, triste et sensible, amicalement méchant et désinvolte -en apparence-, avenant et souillé, à placer entre le disque de Gloria, autre sortie de qualité optimale de chez Howlin’ Banana, et euh…au hasard, le Surfer Blood de chez Kanine, un peu plus daté certes mais aussi bonnard.
Site Howlin’ Banana / Bandcamp Howlin’ Banana / Site Kanine Records / Site Modulor