Avec la sortie de deux singles vinyl des François Premiers, probants, et la création du label Poseur Records, Cyril Doche, débarqué dans le groupe entre les deux François de renom et la section rythmique, répond aux questions de Muzzart… (photo avatar: Roger Legrand)
Photo Wilfried Lamotte.
1) Comment en es-tu venu à intégrer François Premiers ? D’où vient, d’ailleurs, ce nom ?
« François Premiers » c’est bien évidemment un clin d’œil au monarque qui a fondé notre ville (Le Havre) en 1517 soit 500 ans pile avant la formation du groupe. Si cela ne suffisait pas, les deux tôliers notables du groupe sont les frontmen François Pandolfi (Frandol) et François Lebas. Ils ont tous deux respectivement officié dans les formations normandes Roadrunners & Fixed Up, pour ne citer qu’elles. Pour couronner le tout, le premier bassiste du groupe se prénommait lui aussi François.
Ce dernier officiait d’ailleurs au sein du trio Asphalt Tuaregs, mené toutes griffes dehors par François Lebas qui m’a proposé il y a bientôt 4 ans de conduire son camion pour une tournée qui passait par Périgueux, Angoulême, La Sauvetat-de Savères, Saint-Etienne, Genève, Annecy et Bourgoin-Jallieu. Une excellente occasion de partir à l’aventure, fraîchement libéré de mes obligations professionnelles !
De fil en aiguille, je suis devenu tourman & merchboy des François Premiers et on m’a mis un tambourin dans la troisième main !
2) Quel effet ça fait, de se retrouver au beau milieu de pointures telles que les « 3 François » ? Quel est ton rôle dans le groupe ?
Tout ça s’est fait très progressivement. Tâtonner pour la première fois des instruments comme le tambourin ou la mandoline électrique au milieu de ces fines gâchettes, c’était coton mais excitant ! Les gars sont carrément bienveillants et patients, l’ambiance toujours rigolarde sans perdre en efficacité et précision. Mon rôle est donc d’apporter des couleurs, des arrangements et des sons originaux aux morceaux dont l’architecture rock est assurée par le traditionnel combo guitare – guitare – basse – batterie (sans oublier les chants).
Je me permets de préciser qu’il y a un François en moins depuis cet automne. Laury Picard nous ayant rejoints à la batterie cet été et Christophe « Glitter » Paillette (des City Kids) à la basse dernièrement, je deviens le troisième membre le plus ancien après les deux François mais je n’ai pas prévu de changer de prénom !
3) Comment le groupe est-il perçu au Havre, dont il est issu ? Est-il arrivé qu’il épaule une ou des formations plus « vertes » , désireuses de bénéficier de son vécu ?
Pas évident de répondre à cette question mais à ma connaissance tous les concerts des François Premiers au Havre étaient complets, ce qui peut donner une bonne idée…
Au delà de ça, c’est la notoriété des deux leaders partout en France qui m’a sauté aux yeux au fil des voyages.
Dans un sens, deux des membres épaulent quotidiennement des musiciens en devenir puisqu’ils sont profs de musique. Ou alors on a fait l’inverse en partageant la scène le temps de quelques chansons avec la légende locale Little Bob !
4) Que sais-tu, à ce propos, du parcours de tes partenaires avant que n’arrive François Premiers ?
Les nombreuses anecdotes partagées dans le camion donnent une idée des parcours de Frandol et Francesco. Il y a de nombreux témoignages, des vidéos qui permettent de se replonger dans l’effervescence rock havraise des années 80′. Il suffit de mettre le nez dans le site internet Rock in Le Havre, créé et alimenté par Laury Picard. De Fixed Up à Kitchenmen en passant par Roadrunners, Backsliders, Double Shot, Frandol en solo et Asphalt Tuaregs… il y en aurait tellement à raconter (Lien Rock in Le Havre) !
5) Peux-tu me parler de ce que le groupe a pu sortir jusqu’alors ? Comment se sont déroulées les sessions d’enregistrement et qu’en as-tu tiré, toi qui fait partie des « nouveaux venus » dans le clan ?
Le deuxième single vinyle « Renaissance Man » est sorti en décembre dernier. En février 2020, nous sortions « Franciscopolis » et puis le calendrier a été un peu bousculé entre les annulations de tournées et les changements de line-up. Deux autres simples sont en cours de production pour compléter la collection avant la sortie attendue de l’album.
Les sessions d’enregistrement sont toujours très enrichissantes. C’est le moment de composer les arrangements en trouvant des mélodies de mandoline et en testant des effets comme la fuzz que mon ami François Lemarchand du groupe Bangkok Riviera m’a fabriquée… les possibilités sont infinies mais il faut savoir s’arrêter. C’est Frandol qui fait un énorme et délicat travail de production dans son studio Rabais Road, jonglant entre le bâti rock n’ roll – garage et les moulures en trompe-l’oeil psyché-powerpop.
Les heures de studio comme les répétitions, les voyages et les concerts sont d’excellents moments partagés avec des gars passionnés et passionnants !
Photo Wilfried Lamotte.
6) C’est d’ailleurs votre label, Poseur Records, qui a accueilli les sorties du groupe. Qu’est-ce qui vous a amené à créer votre structure ??
« Poseur » était d’abord une blague née dans le camion alors qu’on allait sortir « Franciscopolis ». Faisant référence au légendaire label havrais « Closer » ainsi qu’à la fameuse tirade de Stéphane Saunier dans le documentaire « Nous, les enfants du rock » de Michel Vuillermet (qui vient de nous quitter), le label fait son chemin avec quelques projets de sorties à venir.
Au printemps, c’est un single de mon ancien groupe Les Craneurs qui sera pour la première fois pressé en microsillon 10 ans après sa sortie en CD. Il sera suivi de près par le nouvel album d’Asphalt Tuaregs, « Cave Dweller Blues ». Et il y a bien évidemment les singles n° 3 et 4 des François Premiers sur la liste !
J’espère qu’on aura les moyens de produire tout ça en 2021 malgré l’absence probable de concerts cette année encore. Mais je ne me fais pas trop de soucis, on a une base d’aficionados qui nous soutiennent en commandant nos disques et nos t-shirts par correspondance. J’ai même commencé à tisser un réseau de distribution national chez les disquaires et libraires indépendants pour épargner les frais de port à notre public.
Et oui, ça fait plaisir de participer à cette production discographique de qualité et de lire les retours élogieux et enthousiasmants qu’elle suscite tant sur le plan musical que visuel.
7) Prévois-tu « d’héberger » d’autres groupes chez Poseur Records, à plus ou moins long terme ?
Ce n’est pas exclu, mais ça dépendra du succès des ventes à venir. Avec François Premiers, Asphalt Tuaregs et Les Craneurs ça fait déjà trois groupes différents. Tout dépendra des moyens dégagés et des propositions qui nous arriveront. Le label n’a pas vocation à devenir un gagne-pain non plus, il ne faudrait pas que ça devienne trop chronophage.
Pour l’instant je m’en sors parce que justement, il n’y a pas de concerts et très peu de répétitions mais ça engage tout de même pas mal d’investissement : du suivi de la production à la promotion en passant par la préparation des commandes et la gestion du budget…
8) Quel regard portes-tu sur la scène havraise, qui m’évoque directement, et en tout premier lieu, Little Bob mais aussi Backsliders, Fixed Up, Asphalt Tuaregs, City Kids ou les Roadrunners ? Inclut-elle, à l’heure actuelle, des groupes à suivre ou d’une certaine singularité ?
C’est un vivier que j’ai découvert depuis mon arrivée en Normandie il y a bientôt 8 ans. Bon nombre des protagonistes de cette scène étaient des collègues et certains sont devenus des amis. Effectivement le passif rock havrais est riche et intéressant à étudier. C’est assurément un microcosme haut en couleurs.
Se prononcer sur la scène actuelle est un peu difficile parce qu’il faut se replonger dans des souvenirs qui datent d’il y a plus d’un an maintenant ! Pour ne citer qu’eux, voici deux groupes havrais aux styles très différents que je recommande en espérant qu’ils survivent : Crack’Zer et Dick Voodoo. Il y a encore du monde à citer avec d’autres esthétiques musicales, et il faudrait aussi rendre hommage aux courageux organisateurs bénévoles et aux lieux d’accueil même s’ils avaient déjà tendance à disparaître du décor avant 2020.
9) Pour en revenir à François Premiers, que prévoyez-vous à l’avenir ? Un album est-il, après les premières sorties, entrevu ?
L’album suivra la collection des quatre singles que nous travaillons à compléter. On espère surtout pouvoir rejouer rapidement avec ce nouveau line up et cette section rythmique inédite. La première scène et la première bière pression savourée après avoir déchargé le camion sont presque devenues des fantasmes !!!
Quelques dates sont prévues en juin et août mais nous ne les annoncerons pas avant les organisateurs, courage à eux !