Trio lillois, Manic Maya pique comme une abeille, berce comme une maman et se plait à conjuguer les deux élans, au son de ce Helmet qui constitue son premier EP. Myriam Bovis (basse/voix), Ciro Martin (batterie) et Paul Muszynski (guitare) y unissent leurs forces, un charmeur puis polisson, mais aussi éponyme Helmet, en ouverture, surprenant l’auditeur en se parant de tons sombres, d’un tumulte s’annonçant et de guitares orageuses. Une envolée au croisement du dur et de l’affiné, vocalement notamment, ponctue le morceau. Celui-ci oscille, fait le caractériel, change de direction tout en tenant parfaitement la route. En une chanson, on a déjà l’envie d’en entendre plus et on se dit que Lille, l’une des villes les plus riches, à mon sens, en groupes estimables, est encore en train de nous livrer une belle surprise. On ne cogite pas bien longtemps: passé les six minutes étourdissantes de l’amorce, Step out pose ses soubresauts, impose sa remuante finesse. Il clôt les deux plages groupales, le second volet de Helmet échoyant à Myriam, chanteuse, bassiste et autrice/compositrice, active depuis des années sur la métropole lilloise au sein de projets tels que Monsieur Thibault ou les Autotamponneuses, dont Manic Maya est le projet perso. Mais avant ça, tonnerre peaufiné et vocaux changeants car tout à la fois doux et affirmés auront fait leur effet.
Place donc à la dame du projet, quand arrive New born (rassurez-bous, on n’est pas chez Muse) où l’on retrouve les parties obscures des titres en trio. A ceci près qu’ici elles sont tout juste parées d’une acoustique chatoyante, prise dans des reflets d’ombre. Si j’ai toujours avoué, venant du rock écorché, une préférence pour l’emporté, il apparait que sur l’ep en question, tout est à prendre. Le jeu est fin, vivant, et le rendu fiable. On peut donc s’en enfiler une seconde lampée, avec ce Nobody’s the saviour aux motifs dépaysants. Flanqué d’un bel artwork conçu par Stefania Arcieri, Helmet capture l’oreille (ce n’était pas volontaire…). Le final, sur la dite chanson, trouve lui aussi sa source dans une clarté crépusculaire, d’obédience folk sans le côté barbant qui trop souvent dessert le genre. Bien joué et bien ficelé, le disque plaira. Il s’agira peut-être, à l’avenir, de faire un choix entre les deux options. Groupe ou solo, pour l’heure, chaque formule fonctionne et sur la durée d’un EP, fait briller ce dernier au point d’en faire un objet révélateur. Dans l’attente, bien sûr, de la suite des aventures de ces Manic Maya prometteurs.
En « bonus » ci-dessus, vidéo live d’un nouveau morceau, histoire d’appuyer mes dires et de renforcer le teneur d’un Helmet pour lequel on n’hésitera pas à coiffer le casque.
Photo Sarah Defesche