Grec, Holy Monitor se compose de George Nikas: Vocals, Guitars; Stefanos Mitsis: Guitars; Alex Bolpasis: Bass; Vangelis Mitsis: Keys et Dimitris Doumouliakas: Drums. Il s’est déjà fendu de plusieurs sorties d’obédience space-rock bien balancé, qui louvoient entre les époques en en tirant le meilleur pour asseoir, sur ce Southern Lights abouti, l’identité du combo d’Athènes. Psyché sans nul doute, kraut ici et là, mélodique ou fulgurant, enraciné entre 70’s et nouveauté inhérente à son temps, le disque livre huit titres musicaux et ouvragés, sans démesure. Riffs et mélopées, breaks précis, étoffe des claviers et chant « d’avant », ancré dans le psychédélisme, voisinent et se heurtent avec pour conséquence, un opus crédible. River, en ouverture, synthétise tout ça sans trembler. Il serpente, accélère, rampe entre les tendances. Entre intensité et souci de faire dans la brillance sonore, dans l’arrangement qui va bien, il offre six minutes concluantes, dont on ne peut situer précisément le contenu au cours de l’audition. Tout ça laisse place à la surprise, on s’en réjouira bien entendu. Naked in the rain, piquant mais vocalement chatoyant, exhale de beaux plans de guitare. Il s’en échappe un hypnotisme certain, une attraction liée au groove de la chanson, où les claviers s’offrent aux aussi une envolée louable.
Blue whale, pop dans le chant, psych-pop de façon globale, est tout aussi plaisant. Holy Monitor continue, avec adresse, à dresser un tableau aux contours agréables. Le titre éponyme, fougueux et bien vêtu, marie vocaux aériens et instrumentation d’un bel allant. Le tout se fait bastonner par des pointes soniques puissantes et sans complaisance, lesquelles électrisent un album jusqu’alors attractif mais légèrement bridé. En Grèce, ça se confirme, nombreux sont les clans méritants. On leur adjoindra ces Holy Monitor qui font mouche à chaque essai, qu’ils convertissent en réussite. Mais voilà que le ciel chute, nous tombe sur un coin de la tronche: The sky is falling down, bien belle bourrasque riffante et rêveuse dans la voix, réhausse encore le niveau honorable du quintette d’Athènes. Dans un songe vocal agité, l’album s’affirme et se dirige vers la catégorie des produits à posséder. Ce titre, ébouriffant, en surpassera plus d’un quand les classements de morceaux « supérieurs », en fin d’année, ressurgiront.
Photo Takis Madray
Retentons toutefois qu’en l’occurrence, c’est le tout qu’il faut saluer. Après qu’on se soit faits bouger, Hourglass (oh misère, le nom m’évoque les énormes Mary My Hope et leur excellent Museum, daté mais valeureux) apaise et spatialise le rendu. Le répit est appréciable, ça n’empêche toutefois pas Ocean trail, pénétrant, de faire son effet et ce, suivant ce même alliage entre caresse chantée et dynamisme instrumental. Dont on estime tout autant les ruades et cavalcades que les penchants moins méchants. Les deux sont d’ailleurs indissociables, ils se tirent la bourre et se roulent des galoches sans se soucier du qu’en dira t-on. On n’en dit que du bien, de toute façon. Au moment où se profile la fin, on n’a presque plus faim. Southern Lights nous a repus.
Il n’empêche, on ne fuira sûrement pas ce Under the sea céleste et délicat, porté par un mid-tempo ajusté. Si l’entrée en matière était fiable, l’issue l’est également et entre deux, on n’a eu que du consistant à se mettre sous la dent. La conclusion est donc claire et définitive; Holy Monitor, clinquant, charmant et ardent, dépose dans nos écoutilles frétillantes un Southern Lights aux facultés évidentes et persuasives.
Bandcamp Holy Monitor / Site Blackspin / Site Primitive Music