Projet d’un collectif alternatif Veveysan qui s’appuie sur ses précédentes formations (Forks, MK-Ultra) pour s’acheminer ici vers une écriture plus pop et frontale, Swear I Love You est jeune en termes d’existence, moins de par le parcours de ses membres respectifs. Ces derniers s’essayent, sous la bannière Swear I Love You donc, à des ritournelles psych-pop tantôt éthérées (Down the stream), parfois plus rythmées comme lorsque l’excellentissime Sound of Seashells, avec ses allures de Dandy Warhols grande époque et ses choeurs aériens, introduit la clique helvète en bons esthètes et sous les meilleurs auspices, et n’hésite pas à fuzzer pour notre plus grand plaisir. Guitares bavardes et vagues psyché entre mélodies et trituration font bon ménage, ah tiens!, on note que l’opus sort chez Exag’ Records et ça, ça crédite sans nul doute le boulot de ceux qui jurent qu’ils nous aiment. Et qui, forts de cette rondelle éponyme, assurent la réciprocité des sentiments. C’est parti pour un câlin sonique dont on verra, au fil de ces lignes, qu’il n’est pas que doucereux.
Under the pines, dépositaire d’une pop alerte, nerveuse et élégante, donne donc l’accolade. Ses vocaux au mitan du léger poppisant et de l’alerte, couplés à un flux instrumental qui souille ses mélopées, font sensation. On a là, face à nous, des Suisses qui vont nous dérouiller les cuisses, au rythme des trémoussements que déclenchera leur première réalisation longue durée, en remarquant toutefois qu’en octobre 2020 est sorti un EP de remixes d’ Under the pines qui lui aussi mérite la considération. Mais composer c’est mieux et là, les gars retombent sur leurs pattes et rien ne rate. Down the stream, s’il parait se dérouler peinardement, y va de son envolée acidulée. Des touches folk amorcent Horizon, puis celui-ci se fait massif. Parallèlement à cela il reste leste, groovy et mélancolique. Des voix « extérieures », si je ne m’abuse, s’y invitent et le font déjanter quelque peu alors que sa fin, spatiale, se rapproche d’une dream-pop psyché de la meilleure des teneurs.
Photo Titouan Massé
L’objet sort ce vendredi 12 février, en numérique, et bénéficiera d’une parution vinyle le 5 mars. Je m’empresse d’en faire le rappel, d’ores et déjà certain de sa valeur et de l’attraction qu’il exercera chez les « vrais ». Night fruit me donne d’ailleurs raison: sa parure cold et ses sonorités trippantes, façon Black Angels, le portent haut et lui filent une sacrée dégaine. Le morceau délivre des giclées nourries, noisy, bien torchées. Swear I Love you nous aime vraiment, se montre généreux en morceaux et élans de choix. Les râleurs souligneront qu’ici ne tiennent que sept titres, on leur rétorquera qu’aucun d’entre eux ne déçoit. Memories, sur plus de sept minutes, impose à la fois ses saccades et montées. Son chant m’évoque, pour le coup, un David Eugene Edwards. Incantatoire ou presque, il délaisse les tons pop habituels. Le résultat est considérable, bruyant et étincelant. Sur des temps conséquents, le quintette continue à faire ses preuves. Mieux, il se pose en nouvel immanquable de la scène suisse et d’ailleurs.
Pour confirmer, et briller une dernière fois, Smoke & mirrors nous tance avec classe et sur un temps prolongé. Il se définit difficilement; psyché, pop, clair et obscur, enlevé et orageux autant qu’aérien, retenons surtout et avant tout qu’il conclut magistralement. Si on ajoute à ça que le vinyle est beau, que ses sonorités dégagent ce je-ne-sais-quoi de sentimental, sans aucune mièvrerie, et rivalisent en beauté sauvage avec les montagnes de leur pays d’origine, il va sans dire qu’on peut délier sa bourse sans faire le difficile. Swear I Love You nous aime et nous le prouve méritoirement; par conséquent, lui accorder nos pesetas sera de bon ton et agrémentera nos étagères d’une sortie largement à la hauteur de ce qui peut déjà se faire chez Exag’ Records.