Trio parisien, Music on Hold joue une pop ensoleillée, à dominante synthétique (mais pas seulement) et acidulée, qui embaumera les âmes les plus noircies. Très vite, le groupe a attiré l’attention de Born Bad, illustre label de chez nous, qui l’a épaulé dans la sortie de ce 30 minutes of…de nature à le placer sur de bons rails. Ceux d’un univers gentiment explorateur, dont Adam’s war nous ouvre les portes en soufflant un rythme à la lisière du hip-hop, une coolitude communicative et des vocaux déliés. Un album de cette unique trempe pourrait lasser, mais Music on Hold contourne l’écueil; déjà No Igel dares se fait plus piquant, plus alerte et offensif. Les thèmes abordés sur le disque, de plus, valent bien qu’on s’y attarde. Ils traitent de sujets de Sciences Sociales, questionnent notre libre-arbitre, racontent la « collectionnite » des fans de vinyles, rêvent d’un retour au monde d’avant. Couplé à une pop joueuse, « smiling » et variée, à ce A 1000 Eyes doté de petits gimmicks décisifs, qui suinte la bonne humeur, ça renforce indiscutablement le travail des trois acolytes, le très actif Emile Cartron-Eldin en tenant les rênes avec assurance. Wow & Flutter déploie les mêmes atouts, dans une simplicité à saluer, que le reste. Entre titres lascifs et efforts plus vivaces (Top of the bridge, excellent) peut-être un peu trop épars, on trouve un équilibre.
Voilà de quoi, en ces temps sombres, retrouver de la lumière. Line the walls, d’abord paresseux, s’emballe vite et renvoie une énergie, un nerf rock, qui lézardent la dynamique un tantinet flemmarde du tout. Ses sons fusent, mélodiques certes, mais vifs et percutants. Après ça Bread revient à un format plus mesuré où une fois de plus, les sons malins trouvés par les Franciliens font leur effet. Water, un brin psyché, égale les tranquilles mélopées d’un Beatles. K.A.O présente une amorce dreamy, ornée de voix mêlées. Il s’agit d’une pop lancinante, aérienne, aux envolées venteuses. Album reposant, ressourçant, 30 minutes of…trouve son terme sur un ton tout aussi détendu, bien serti, quand Gray Manders vient le clore. On n’a rien vu passer: on a presque les yeux clos, tirant profit et plaisir d’un son globalement inoffensif, à savoir doucereux et avenant….mais bienfaisant.
C’est là, pour conclure définitivement, le seul bémol apposable à l’album: sa trop grande propension à faire dans le léger. Si le rendu n’en souffre pas, ou très peu, il aurait à mon sens été plus porteur encore s’il avait contenu plus d’embardées énervées. Il n’empêche; au fil des écoutes, Music on Hold parvient à ses fins, en plongeant l’auditeur dans une bain de jouvence (bedroom?) pop qui l’extirpera, de par des ritournelles enjouées, de son lot de soucis quotidiens et covidiens. Ce qui, en soi, constitue déjà une performance d’autant plus honorable qu’elle profite de façon directe à l’humain et à la qualité de ses temps de vie.