Melee, c’est deux Italiens, Guido et Mario, qui foutent le bordel sonore avec, comme armes redoutables et chargées à bloc, une basse et une batterie. Ils aiment « trépider », cet album le prouve en écrasant la pédale d’accélération dès lors que 250, le premier de ses neuf titres, fait sonner ses « délicates » premières notes. Ca cogne sec! Et pourtant…on ne fait pas que ça; on breake sans trop relâcher la pression, on brouillonne, puis la batterie s’affole avant de se faire plus « rafalée ». Spiaggia livre un peu le même chaos, en apparence décousu mais en réalité plutôt bien tenu…mais débridé évidemment. La basse apporte du groove, les trames sont massives mais lestes, (très) changeantes dans leurs cadences. Math-rock, post-hardcore et je ne sais quoi encore, Melee ne fait pas de choix tranché. Il se livre à ne performance physique, ornée de passages noisy. Il ne reste ici que peu de place pour la nuance, Oneidalzone se lance lui aussi dans une course sans concurrents. Dans la vitesse imposée, des pincées de mélodies prennent place pus s’effacent. Pizza se déguste en deux temps trois mouvements, elle est semble t-il bonne mais ingurgitée aussi vite, on peine à en sentir le goût. Martello castagne, laisse filtrer des sons soudains. Oh!, on calme le jeu et le morceau se finit, surprise, par des notes subtiles.
Dommage que ce type d’initiative ne soit qu’éparse, car son apport est réel. Ca fait souffler, ça aère un disque qui, tout de même, se montre souvent direct tout en alternant excès de vitesse et saccades nourries. On suit tout de même, porté par le groove brut de Melee. Spada, s’il atteint péniblement la minute, fonce avant, en sa fin, de s’enrayer. L’effet est étonnant, là encore il aurait été bon, à mon sens, d’inclure davantage de déjantes de ce style. Ce qui n’empêche guère les deux acolytes, sur Mestolo, de poursuivre leur dézingage en règle. Dans l’exercice, ils unissent leurs forces et conjuguent leurs jeux sans fléchir ni trop réfléchir, pour un rendu qui pourtant se tient furieusement bien et qu’on écoute avec un réel plaisir, un brin maso peut-être.
Ils proposent, comme lu sur leur page, des sets de 35 minutes sans pause. Ca ne surprendra personne, Melee est du genre à maintenir le levier sur la sixième, sans escale. On en redemanderait presque, Pianura termine l’épreuve en servant des torrents de crasse sonore bien sentie. Il est nécessaire, certes, d’être initié; Melee ne s’adresse pas aux fans de Calogero, grand apôtre de l’excès sonique (je précise que je n’ai pas la prétention d’être ici crédible). Mais comme avec tout album excessif ou jusqu’au-boutiste, le jeu en vaut la chandelle. Sudation garantie, en live, et rapprochement corporel virulent de mise lorsque Guido et Mario, tel un bolide bass-batt’ rutilant, mettront le dragster en marche.