Quatuor australien, Psychedelic Porn Crumpets signe avec Shyga! The sunlight mound son deuxième album, où hard-rock « d’avant » bardé de mélodies qui se tiennent et son psychédélique s’entrechoquent…ou se distinguent individuellement, indépendamment l’un de l’autre. Big dijon, en ouverture, promeut la seconde des deux options. Il égale, par sa salve psyché enfumée, ce qu’ont pu faire les Beatles, mais se montre trop bref pour complètement créditer ses pères. Peu importe, on va vite être servis et ce, au delà de nos espérances. C’est avec Tally-ho, ses chants avenants et tornades hard cycloniques, qu’on entre dans le vif du sujet. On ne s’en remettra pas, l’alliage des sons débouche sur un breuvage à avaler à grandes lampées. Complètement affolé, ou saccadé, Psychedelic Porn Crumpets balourde des morceaux de folie. Sawtooth monkfish pulse, dans le délire on pense tantôt à Zappa, tantôt à Primus, dans une fusion d’un autre genre. Mais c’est bel et bien le combo de Perth qui fait mijoter sa propre tambouille, semblable ou presque à celle d’un King Gizzard & The Lizard Wizard. Tripolosaur fait gicler la marmite, la soupape pète et l’explosivité est de mise, suivant des mélopées énergisantes.
Mr Prism, de ses déboulés de guitares épileptiques, crache un rock-hard aux voix mélodiques et entrainantes. Quoiqu’il fasse, Psychedelic Porn Crumpets emporte le quidam sans son flux impossible à endiguer. Ca et là, il place une accalmie avenante, pour ensuite tirer à nouveau à vue, dans une puissance dont se dégage une belle dose d’imagination sonore. Le genre est indéfinissable, il fait appel à des bribes d’autres styles dont l’imbrication est réellement bluffante. Hats off to the green bins revisite, comme nommé plus haut, les Beatles en dotant les airs mémorables des Fab Four d’une vigueur nouvelle et d’une pluie de sons originaux, dont certains nous emmènent ailleurs que dans nos bases quotidiennes. On n’a guère le choix, l’écoute déstabilise et amène à des terrains inexplorés…ou tout au moins très peu investis jusqu’alors.
Avec Glitter bug, le rythme file et se dfile, accompagné par des vocaux une fois de plus peaufinés. Impossible de résister, de s’opposer à ces textures vives et chatoyantes, dont les ritournelles suintent du soleil tout en se montrant enlevées et percutantes. Pukebox IV, appuyé, virevolte et assaille autant de nous charmer de par ses voix. J’étais tombé sur ces fauteurs de trouble, il y a peu, en me disant qu’on risquait fort d’en reparler en termes élogieux. Je ne m’étais pas trompé, Shyga! The sunlight mound est une fessée administrée par une formation qui sait aussi faire la douce sans s’y égarer, juste ce qu’il faut pour rester impactante à souhait. Mundungus final 24 arrache tout, roule pied au plancher et se vêtit de sons, décidément, entièrement envoûtants. Voilà un disque qui pourrait bien, une fois répandu aux quatre coins du globe, rassembler et mettre tout le monde d’accord.
Mango terrarium, au moment de se lancer dans la dernière ligne (pas trop) droite, euphorise tout autant. Quand certains opus plaisent car ils délivrent de l’énergie, ici on approuve pour bien d’autres atouts. L’audace, la portée des mélodies, la force de frappe, les souvenirs hard d’il y a plusieurs décennies, et la teneur des sons mis en place. Tout contribue, pour le coup, à ficeler un album au delà du marquant. Il l’est assurément, Round the corner lui donne des teintes poppy triturées, psyché et bien trop éphémères. On aurait aimé, en l’occurrence, que le morceau s’étire et développe ses thèmes. Ce n’est toutefois guère dommageable car en dépit d’une durée réduite, le morceau attrape l’oreille. On affronte alors l’ultime salve rassasié, pour plier devant la fulgurance de The tally of Gurney Gridman.
Entièrement débridé dans un premier temps, servi par des guitares qui font à nouveau le show sans se la péter, il breake ensuite et instaure des temps apaisés, faits de notes superbes et de voix magnifiques. Il faut suivre, la locomotive est souvent lancée à toute allure et le voyage agité, jalonné de fréquentes accélérations et de séduction chantée. Mais à l’arrivée, Psychedelic Porn Crumpets s’invite « direct » dans la caste des groupes à suivre. De révélation, il passe à mon sens, fort de son Shyga! The sunlight mound au mitan des genres et époques et à la pochette bien 70’s, en toute légitimité au statut de clique confirmée. Je vous laisse seuls juges, mon avis est fait et le produit ici décrit prouve en outre que les Australiens, en matières de rock qui barde et de propension à faire dans le différent, trustent le haut du panier depuis belle lurette.