Basé en Seine et Marne, Barricades évolue dans un rock français qui traite de divers sujets sociétaux, un rien prévisible mais dont les morceaux s’avèrent assez sincères, et de bonne facture, pour lui apporter du crédit. Imagine… est son troisième album, le poing serré il ne chamboulera pas le créneau mais a le mérite de porter certains constats, lucides. L’univers du groupe convoque rock, donc, mais aussi, à l’occasion, blues et chanson. Une énergie punk peut le teinter, Imagine le monde inaugure la « révolte » entre mélodie et vitesse d’exécution. On pense, pour le coup, à Deportivo. L’amorce est bonne, sans singularité mais estimable. Il y a du nerf dans ce que fait Barricades; La machine, logique, s’emballe et figure l’infernal rythme de vie, de travail, cette foutue pression à laquelle nous sommes soumis au quotidien, pressurisés, pressés de toutes parts. Ta croix -on est, décidément, dans une vison grise: normal, l’époque le veut-, se montre plus sage mais aussi alerte. Un air de Parabellum se dégage de certains titres, des choeurs étayent l’album de manière similaire à ce que peuvent faire les gaillards du punk-rock. Tourner la page fonce, pose la question: Comment tourner la page? Pas facile certes, mais l’allant du titre aide à évacuer. Rageur, il insuffle de la « couenne » supplémentaire.
Quelques riffs plus loin, Seul se fait plus saccadé, se pare de légers reflets blues. Le spectre du clan ne se résume pas à une seule approche frontale, tant mieux. Ca casse un peu l’impression de déjà entendu qui émane de l’écoute. Epoux-vantail sert de belles guitares, mélodieuses comme les chants unis qui caractérisent le morceau. Un effort de qualité, on en dénombre finalement pas mal ici, suivi par Me réveiller. Celui-ci interroge le rêve, celui qui permet l’évasion. Car tout se barre, mais il nous reste le son. Alors on joue, plutôt fort. Ca atténue le vacarme du monde. Ce n’était pas volontaire de ma part mais après cela, Joue-le plus fort se présente, rentre-dedans. L’illusionniste le précède, il riffe sans se planquer. Il trace, souffle un rock bourru. Barricades aligne les parpaings, on…l’Imagine prêt au combat. Les textes sont simples mais à prendre en considération, on n’est certes pas chez Bourdieu mais leur lucidité fait du bien. On dit les choses, d’une manière accessible à tout un chacun.
Sur la fin, 1-2-3 (mince, on dirait les Shériff!) joue un punk-rock amer, bien ficelé car émaillé de belles parties instrumentales. Une fois de plus, le riff est sec. On breake, la tension demeure. A soumettre à un volume élevé, Imagine…fera son effet. Il se termine au son de XP327, poppy mais appuyé, lui aussi d’une jolie teneur dans ses guitares. Alors que la rythmique, de son côté, tourne et galope. L’ultime titre se poste entre douceur pop, donc, et plans plus durs. Au final, on obtient une oeuvre bien campée, support à poursuivre l’insurrection. On en a bien besoin, face aux dérives d’un « état » en piteux état. On prend donc et Barricades, dont c’est tout de même, pour rappel, la troisième parution, consolide tranquillement son édifice à l’aide de ces onze chansons énergiques.