Groupe français, au départ exclusivement féminin, One Arm s’est fendu en 1994 d’un deux titres suffisamment valeureux pour que Christophe Feray, mister Atypeek Music, décide de le ressortir en le remastérisant. On l’en remerciera; One Arm, bientôt de retour avec un excellentissime Mysore Pak, se décalait déjà avantageusement. Rose-Laure Daniel, Marine Laclavère et Isabelle Vigier, aidées ici par Dilip Magnifique (Ex-Coronados, La Mâchoire) qui plus tard les rejoindra à la batterie et intervient en l’occurrence à la rhythm box sur Brilliant, troussent en effet deux morceaux majeurs, dont la découverte -c’en est une pour moi, elle est notable-, ou la redécouverte pour les initiés, aiguise l’envie de se projeter dans l’écoute de l’opus à venir. Alors que Colin mac Lean (bassiste des Dog Faced Hermans, une autre formation wild de la même époque, que j’ai eu la chance de voir en live dans ma bonne ville amienoise) assure le mix. Mais revenons au contenu qui nous intéresse et où figure d’ailleurs, c’est là un autre bon point, un sample du “My mind is like a plastic bag” de X Ray Spex.
Treat donc, aux guitares guerrières et chant mécanique/songeur, parle de ces gens sans toit, coincés dans le même coin de rue, qui rentrent en foyer, en prison et retournent dans la rue, au même endroit. Outre une thématique à prendre en compte donc, on navigue là en eaux post-punk, indus, un brin noise, le tout savamment conçu. In Zhe Gaza Megakitsch, issu de l’électro-indus, en assure les boites à rythmes. Le morceau est cru, bruyant et obsédant. Mutin et féminin, éloquent aussi car se refusant à narrer du vide. Une entrée en matière qui défrise, lors de laquelle personne ne se la frise. On a à faire à des dames dotées d’âme, qui partent à la guerre sonique, et verbale, en déployant des atouts forts.
Preuve en est, ce deuxième et dernier titre donc, justement nommé Brilliant. Instrumental à vocation tribalo-indus déjanté, il évoque la question de l’état d’esprit. Des samples indiens, et de X-Ray Spex donc, le jonchent alors que son terme inclut des extraits d’une cassette de cours d’anglais. C’est dire le virage pris par les trois filles, dont les rythmes hypnotiques et tirs en règle bruitistes font que l’attraction, rapidement, nous gagne et nous possède. Le maga sonore est brut, hybride puisque constitué de sources diversifiées. Il tient debout, pourtant, et s’avère être un must pour celle et ceux qui, avides de différence, assoiffés de sons sans concession et de minimalisme inspiré, investissent des territoires à part. On se marre un peu, même, quand surgissent les extraits de fin dans un Anglais digne d’un élève de sixième dans les premier instants de son contact avec la langue de Shakespeare.
Tout est réuni, donc, pour éloger (nourrir d’éloges, je viens de l’inventer) One Arm dont l’existence, à l’époque, se résumera à la tranche 92-96. En dépit de sa brièveté, en résulte deux plages captivantes. Pakito Bolino signe la pochette, elle aussi attractive et incitant à la réflexion. One Arm combine textes d’intérêt, musique sauvage et estimable, à sa sauce. Cela va de soi. Il n’en faut pas plus pour que son come-back « hors-réédition », que je peux d’ores et déjà qualifier de fulgurant, vaille de notre part une attention durable et investie. Sur, cette fois, douze morceaux au spectre plus large encore, aux guests une fois de plus d’un bel apport, dont je me charge de vous dévoiler la teneur dans un prochain écrit consacré à la dite parution.