Aixois, signé sur un label marseillais qui aligne les sorties percutantes, Copernic se dit affilié au garage et au stoner des 00’s. A l’écoute de ce Cosmic Pizza For Space Warriors furieux mais pas seulement, on l’entend mais il va de soi que le spectre musical parcouru outrepasse les deux genres cités. Sur la bagatelle de dix neuf titres, en effet, on traverse des zones de turbulence variées dont la première, Rewind, donne d’emblée une idée de l’intensité dégagée. Du high-energy tendu, sonique, taillé dans un rock’n’roll survolté. On se permet, sur ce disque large, de faire, l’instant d’après, dans le doucereux à l’occasion d’un titre éponyme dont le second volet, toutefois, se fait saccadé et offensif avant de retomber dans un format faussement apaisé. Entre stoner, garage certes, mais aussi plans psyché et rock vitaminé porteur de mélodies (Have I Been Here), le gang du sud fait dans le rude. Le bien nommé Bingo, dans la foulée, riffant ardemment en crachant un rock hard massif estampillé 70’s, de belle facture. On ne s’arrête pas en si bon chemin, Coward assied l’emprise en beuglant allègrement. Choeurs enfiévrés et lourdeur entrainante font le job, le rendu général n’est de plus jamais linéaire. Et vlan!, le rythme s’emballe, les voix se font tordues. De la belle ouvrage, de rage et de sueur, que nous refile ici Copernic. L’énergie gicle, Cloudy Afternoon en regorge et ses guitares font des dégâts. On y place des breaks, on repart sans freiner. Psychédélisme et allant sonore voisinent, sur Dog dog on se tape des volutes dépaysantes sur fond de flux nerveux autant que mélodique.
Y’a pas à dire, ces quatre-là savent y faire. Ca ferraille, avec une certaine intelligence. Golden maze progresse lentement, jusqu’à porter des atours alertes et perforants. Le tout d’une manière cosmique mais remuante, aux vocaux sensibles. Bien joué, avant un One step higher lui aussi mélodieux/impétueux qui valide l’observation; Copernic, quand il s’adoucit, reste de haut niveau. Et venimeux. The ground n’en dit pas moins, fort d’élans mystiques bienvenus. Un petit air de Wovenhand, de Sixteen Horsepower, jonche le début du titre. Le chant, par ailleurs, flirte avec la portée d’un David Eugene Edwards.
Notons que l’album sort dans une jolie cassette, spécialité de chez Ganache Records. Ca ajoute à son authenticité, Pilot marie le céleste et le souillé avec maîtrise. Shate It, Brain! renoue avec un format sauvage aux sons fous. Copernic est difficile à classer, c’est souvent la marque de ceux qui paraphent les meilleures bondieuseries. The Hardest Way s’habille de blues, stylé à souhait. On pourrait se dire que l’opus déroute, ouvert qu’il est et se plait à rester. Mais la qualité de ses plages l’emporte, d’autant plus qu’elle se décline sur une sacrée ribambelle de titres. Horses s’y ajoute, entre voix qui déblatère et rafales soniques qui finissent par s’assagir…plus ou moins.
Chain Of Command, bridé puis appuyé en mode 70’s bourrues/léchées, se situe au carrefour du puissant et de la mélopée. On aime, chez Copernic, confronter les soi-disant contraires. On le fait bien, ils en deviennent complémentaires. Where The Wild Things Are – Part I convie des cordes, me semble t-il, qui le magnifient. Rêveur, il monte doucement en intensité. Sa parfaite extension, Where The Wild Things Are – Part II, lui succède en explosant littéralement, avec classe. Griffures des accords, voix rageuses en font entre autres la texture. On s’en remet à peine qu’une troisième partie, soit Where The Wild Things Are – Part III, nous tombe sur la tronche. Ses voix évoquent, à nouveau, un Wovenhand du meilleur cru. un Nick Cave aussi, entre velours et montées fumantes. Ceci sous couvert d’une musicalité remarquable. Copernic réussit la prouesse, quand bien d’autres faiblissent après cinq titres, de rester dans la constance. On salue donc la performance, à laquelle Spotlights met un terme.
Le final est subtil, psyché. On sent, cependant, qu’il ne demande qu’à imploser. C’est effectivement ce qui se produit, sous l’impulsion d’encarts rudes bien 70’s, dans un fatras délectable. Cosmic Pizza For Space Warriors, de bout en bout, fait ses preuves et nous dévoile un groupe vertueux, de chez nous « encore en plus », pour singer ceux qui parlent mal. Groupe qui, après Jim Younger’s Spirit par exemple, ou encore Spinabifida et Le Crapaud et la Morue, balance sans crier gare et dans la même structure crédible un pavé chaudement recommandé.