Groupe toulousain, Captain Rico & the Ghost Band fait fort avec son premier album, concentré de surf-music aux guitares magiques. A la Link Wray, ou encore à la Dick Dale, le trio nous emmène dans une virée agitée, incisive, au format instrumental qui arrive même, par sa qualité, à ne pas (me) faire regretter l’absence de chant. Au son du titre éponyme, déjà crédible et appuyé bien qu’un peu plus climatique, en son début, que le reste, on éprouve d’emblée la satisfaction d’un son neuf et incisif. Un son voué à un genre que peu de formations, à l’heure actuelle, parviennent à honorer sur la durée. Avec ce « groupe fantôme du sud de la France », comme il se définit, c’est chose faite. Running in the wind enchaine avec le même éclat dans les guitares, il renvoie, de plus, une sorte d’énergie à la Cramps qui n’est pas pour nous déplaire. Impossible de rester de marbre, d’autant qu’une autre déferlante vient nous renverser, avec panache, sous la forme d’un Tame the wave de la même eau. Voilà un son qui n’incite pas au farniente, mais plutôt à se trémousser jusqu’à en perdre sa tenue de plage. Entre finesse et endiablement, Captain Rico & the Ghost Band frappe fort et juste. S’il joue bien, il n’oublie pas pour autant que le surf, ça se joue également avec de l’entrain. Giant turtle, avec ses bruits de fond, fait à son tour la diff’, comme on dit chez les sportifs.
En douze morceaux, et pas un de moyen, certains se montrant même percutants à souhait (Epic wave), zébrés de riffs dynamite et d’envolées acidulées, Toulouse voit un nouveau combo, un de plus, irai-je même jusqu’à dire, surgir dans son paysage. La batterie, soudain, s’embarque dans un court solo: ça occasionne un break à l’issue duquel on relance la turbine. V8 interceptor suit, guitares burnées en bandoulière. A l’unisson, bien évidemment, avec une rythmique elle aussi de feu. The drunk snake est bluffant, lui aussi, par la subtilité vivace de son jeu. The Forgotten Memory of the Beaches s’injecte sans discontinuer, doigt pressé sur l’aiguille ou plutôt, sur la touche replay. Il fait le plus grand bien, vivifie et revigore.
The lost lagoon, au début posé, amène un plus. Ses airs finauds brisent, avec maestria, la dynamique très…dynamique instaurée jusqu’alors. C’est une bien belle transition, à laquelle succède Hang-glider qui s’en revient, lui, à des atours cinglants. Dans sa combinaison de fin et de dur, la clique de Toulouse est comme chez elle. D’un format plus étiré que le reste, le titre en question crache des flammes. J’y entends même, peut-être me trompe-je, des encarts Hendrixiens. Il sent le souffre, met sens dessous-dessous un registre foutrement tenu. Mexican road trip, à l’intitulé très juste, dépayse et émerveille autant. Ses trames superbement conçues amènent nos trois acolytes à un niveau insoupçonné. Ils nous gratifient de l’album « surf et pas que » de ce début d’année, sans conteste possible. Hexagonal, qui plus est. Ne boudons donc pas notre plaisir, The giant turtle is the memory of the beaches vient d’ailleurs nous verser un autre gobelet de jus surf aux pouvoirs immédiats.
Il est alors l’heure de remiser la planche, mais The engulfed monastery embellit la séparation. D’abord retenu, il se met ensuite à galoper vers le large, au gré de vagues qui le portent haut et dont il suit les incessants mouvements avec fidélité. La conclusion est aussi brillante que la totalité de l’opus, la découverte étincelante, à se garder presque jalousement au chaud jusqu’à ce que sa valeur nous incite à la partager autour de nous car de manière sûre, Captain Rico & the Ghost Band mérite les honneurs et même bien plus. Superbe disque.