Hollandais, Rats on Rafts aime à bouger du socle habituellement en vigueur, à l’image de ses compatriotes de The Ex ou encore d’un Liars (Second born child). Son nouvel album s’intitule Excerpts From Chapter 3: The Mind Runs A Net Of Rabbit Paths, tout un programme qu’il est bien de suivre attentivement. Il a, en outre, plus d’un tour sans son sac: si Prologue: Rain amorce les choses de manière ludique et presque « folklorique », A Trail Of Wind And Fire, qui en constitue le prolongement, joue une pop qui divague, mélodieuse dans ses fulgurances, proprette et « dirty » à la fois. Elle sautille, impose sa ferveur mélodique, et trace allègrement. David Fagan (Voice/Guitar), Arnoud Verheul (Guitar/Voice), Natasha van Waardenburg (Bass) et Mathijs Burgler (Drums) font bloc pour, après quelques sorties remarquables, lorgner ici vers les sommets. D’autant que Tokyo Music Experience, après le Second Born Child nommé plus haut, pulse en mode post-punk aux gimmicks dont on s’entiche. Pluriel et exotique, le son de Rats on Rafts flirte avec la rembarde, s’éloigne de la piste bien qu’étant dansant. Sauvage et indomptable, hérissé de sonorités notables, Excerpts From Chapter 3: The Mind Runs A Net Of Rabbit Paths s’inscrit audiblement dans la lignée des sorties estampillées Fire Records. Un brouettée de déviance, une pincée de normalité pas trop normale et nous voilà embarqués dans sa joyeuse équipée.
On n’y rechigne absolument pas; The Rise And Fall Of The Plague , sur lit de chants enivrants et motifs cinglants, suivant le flux d’une belle énergie, fait à nouveau la différence. Les chants scandent, des belles mélodies sertissent le morceau. Il y a quelque chose de jubilatoire, d’irrésistiblement entrainant, dans ce que fait ce groupe. On n’hésite pas, après une partie speedée, à baisser le ton pour ensuite faire, à nouveau, dans une exubérance foutrement jouissive. Fragments nous amène d’ailleurs à la moitié du sentier sur une note psyché/sonique de bon aloi. Inspiré par Van Dyke Parks (Song Cycle) Scott Walker (3 & 4), Moondog (Elpmas), White Noise (An Electric Storm) et les Beach Boys (Smile), le disque retrace avant toute chose l’identité d’un clan aux nombreuses possibilités. The Disappearance Of Dr. Duplicate fait dans l’urgence, post-punk, appuyé. On prend note, encore une fois, des motifs qui étayent l’effort.
Quelques (bonnes) notes plus loin, Excerpt Taken From Chapter 3 se fait spatial. Where Is My Dream? le relaie en se montrant bien plus enlevé, se fend d’encarts magnifiques et dégage une vigueur communicative. Plus l’écoute progresse, plus le plaisir éprouvé est vif. Rats On Rafts brise le rythme, s’envole puis fuse de partout. Tout est au point, les chansons se suivent, sans se ressembler, avec cohérence. Part One: The Long Drought livre une plage jazzy triturée, faite de sons qui à nouveau envoûtent. Dans une douce folie, le clan de Rotterdam fait du bruit, adroitement. Il signe des plans charmants, serpente et séduit. Part Two: Crossing The Desert succède à son premier volet dans un fatras maison racé. Rats On Rafts lâche la rampe, il prouve magistralement qu’en Hollande, il est rare que les combos du pays fassent dans le fadasse. Il est alors l’heure d’en finir, avant ça le tumulte aux voix rêveuses du titre, son tintamarre asséné, en remettent une pleine marmite.
Pour conclure donc, Epilogue: Big Poisonous Shadows visite des cieux psychédéliques. Largement à la hauteur de ses influences déclarées, le quatuor laisse derrière lui, et dans nos mains, un album bluffant. On y pense aussi, à l’occasion, à un Deus, voisin ou presque, pour la versatilité sonore qui y règne. Excellentissime, Excerpts From Chapter 3: The Mind Runs A Net Of Rabbit Paths se doit d’être écoute fort, histoire d’en faire ressortir tout le conséquent relief.