Bordelais, Sol Hess intervient chez Sweat Like An Ape!, honoré dans nos colonnes à plusieurs reprises, et Sol Hess & the Boom Boom Doom Revue. Il s’affaire aussi en solo, The missing view est son premier album et sort chez Platinum Records tout en bénéficiant des services de Rubin Steiner, un habitué du dit label, au mixage. On a donc tout pour bien faire, le registre est folk, habité et se pare d’un bel ombrage que le chant de l’Aquitain vient souligner. On y dévie, parfois, de la douceur grise du répertoire (King Of Chihuahui et ses écarts vocaux à la Nick Cave, sa montée en intensité bien orchestrée). Ants in the leaves, en amorce, offre un jeu de guitare fin, un chant narratif un tantinet songeur. Le décor est planté, le style certain. Guitare baryton, pédales d’effets, kaossilator, boîtes à musique bidouillées s’invitent par ailleurs dans l’effort de Sol Hess alors qu’ Antoine Souchav’ y place au clavecin. Dans une discrétion teintée de modestie, comme dans la vie courante semble t-il, notre homme s’y entend pour jouer des pièces où l’obscur et le lumineux investissent les mêmes recoins. My body knows est à inscrire dans ce registre, il remplit l’espace malgré sa sobriété dans le contenu.
Somersaults, Dandelions, The Wind, à la classe chantée indéniable, orné avec goût, apporte du relief à l’ensemble. Celui-ci, de par le large panel usité, n’est pas immuable. Il vit, dévie -un peu, peut-être pourrait-il plus- et se tient de bout en bout. Veil revient à de la folk subtile, crépusculaire aussi. Tiny little insects -on est en phase, ici comme sur le titre inaugural, avec la nature- renvoie la même brillance, une nuance de gris qui enveloppe l’intégralité de l’album. S’il s’écarte finalement assez peu de trames posées, mais ambiancées, Sol Hess, lorsqu’il en prend l’initiative, le fait bien (My stone lion, au jeu plus souillé).
Plus loin Somersaults, Dandelions, The Wind (reprise), aux arrangements de clavecin signés Antoine Souchav’, s’emballe lui aussi. On notera, une fois de plus, la magnificence du décor. L’émotion du propos aussi, récurrente sur The Missing View. The clouds, rêveur dans la voix, clair dans l’instrumentation, apaise et par la même occasion, plonge l’auditeur dans une douce torpeur. Suivant un registre qui tranche de façon abrupte avec ce qu’il peut faire chez Sweat Like An Ape!, Sol Hess étale des capacités qui ne surprendront que très peu ceux qui le connaissent. Il se dote d’une oeuvre sincère, personnelle, que I’ll vient boucler avec le ressenti vocal qui caractérise le bonhomme. Il y a ici, de manière audible, un peu plus qu’une simple suite de pièces folk. Sol Hess y met de lui, s’extrait à l’occasion de son rendu habituel et parvient à nous faire l’offrande d’un opus concluant.
On se réjouit, de plus, que celui-ci réactive les sorties émanant de la maison Platinum, riche en groupes et parutions de qualité. Le tout au gré d’un régiment de formations stylistiquement étendues, au son desquelles on s’offre de nombreuses heures de plaisir auditif maximal.